Informations préalables concernant la vaccination anti grippale et la pandémie CoViD-19 :
- la co infection grippe/CoViD-19 est à éviter notamment chez les personnes à risques (bien souvent les mêmes pour les deux infections) et pour le système de santé
- le vaccin contre la grippe ne confère aucun avantage vis à vis du SARS CoV 2 (voir le RCP de chaque vaccin)
- le fait d'avoir été vacciné contre la grippe n'aide en rien au diagnostic différentiel grippe/CoViD-19/autres viroses devant la survenue d'un état grippal (du fait de l'efficacité moyenne du vaccin anti grippal)
- les effets indésirables de la vaccination anti grippale sont parfois évocateurs de CoViD-19 (Ref : Revue Prescrire)
- le port du masque et le respect de l'ensemble des gestes barrière protègent à la fois de la CoViD-19 et de la grippe saisonnière (NB : il n'y a quasiment pas eu d'épidémie de grippe dans l'hémisphere sud cette année)
NB : Contrairement aux déclarations d'Olivier Véran, les données scientifiques montrent la persistance des anticoprs induits par le vaccin pendant au moins 6 mois. En revanche, pour ne pas risquer une pénurie de vaccin en cette année particulière, seules les personnes prises en charge pour la vaccination pourront disposer du vaccin entre le 13 octobre et le 30 novembre 2020.
1- Cadre national et international de la vaccination
Cadre international :
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) édite chaque année une recommandation sur la composition des vaccins, en février pour l’hémisphère Nord et en septembre pour l’hémisphère Sud.
La composition du vaccin contre la grippe est actualisée chaque année en fonction des souches qui ont circulé majoritairement durant l’hiver précédent et qui sont les plus susceptibles d’être présentes lors de l’hiver suivant.
Le 28 février 2020, l'Organisation mondiale de la santé a finalisé la composition recommandée des vaccins trivalents contre la grippe pour la saison grippale 2020-2021 dans hémisphère nord.
Les vaccins doivent contenir les virus suivants :
- Souche A/Guangdong-Maonan/SWL1536/2019/H1N1pdm09 ; nouvelle souche en remplacement de la souche A/Brisbane/02/2018 (H1N1)pdm09-like virus, utilisée lors de la saison précédente ;
- Souche A/Hongkong/2671/2019/(H3N2) ; nouvelle souche en remplacement de la souche A/Kansas/14/2017 (H3N2)-like virus, utilisée lors de la saison précédente ;
- Souche B/Washington/02/2019 ; nouvelle souche en remplacement de la souche B/Colorado/06/2017 (lignée B/Victoria/2/87)-like virus, utilisée lors de la saison précédente ;
Il est recommandé que les vaccins quadrivalents, qui contiennent deux virus grippaux des deux lignées de type B contiennent les trois virus ci-dessus et un virus B / Phuket / 3073 / 2013 (lignée Yamagata/16/88). Cette souche était contenue dans le vaccin trivalent de la saison 2015-2016 et dans les vaccins tetravalents des saisons 2018-2019 et 2019-2020.
Rappel : Dans la nomenclature utilisée pour définir ces souches, on trouve dans l'ordre la lettre (A ou B) désignant le type de virus grippal, le lieu d'isolement de la souche virale, le numéro de la souche, l'année d'isolement puis, pour les virus de type A uniquement, l'année d'isolement.
Cadre national :
Liste des indications ouvrant droit à la prise en charge ou au remboursement par l'assurance maladie :
• les personnes âgées de 65 ans et plus.
• les femmes enceintes, quel que soit le trimestre de la grossesse ;
• les personnes, y compris les enfants à partir de l’âge de 6 mois, atteintes des pathologies suivantes :
- affections broncho-pulmonaires chroniques répondant aux critères de l’ALD 14 (asthme et BPCO) ;
- insuffisances respiratoires chroniques obstructives ou restrictives quelle que soit la cause, y compris les maladies neuromusculaires à risque de décompensation respiratoire, les malformations des voies aériennes supérieures ou inférieures, les malformations pulmonaires ou les malformations de la cage thoracique ;
- maladies respiratoires chroniques ne remplissant pas les critères de l’ALD mais susceptibles d’être aggravées ou décompensées par une affection grippale, dont asthme, bronchite chronique, bronchiectasies, hyper-réactivité bronchique ;
- dysplasies broncho-pulmonaires ;
- mucoviscidose ;
- cardiopathies congénitales cyanogènes ou avec une HTAP et/ou une insuffisance cardiaque ;
- insuffisances cardiaques graves ;
- valvulopathies graves ;
- troubles du rythme graves justifiant un traitement au long cours ;
- maladies des coronaires ;
- antécédents d’accident vasculaire cérébral ;
- formes graves des affections neurologiques et musculaires (dont myopathie, poliomyélite, myasthénie, maladie de Charcot) ;
- paraplégies et tétraplégies avec atteinte diaphragmatique ;
- néphropathies chroniques graves ;
- syndromes néphrotiques ;
- drépanocytoses, homozygotes et doubles hétérozygotes S/C, thalasso-drépanocytose ;
- diabètes de type 1 et de type 2 ;
- déficits immunitaires primitifs ou acquis (pathologies oncologiques et hématologiques, transplantations d’organe et de cellules souches
hématopoïétiques, déficits immunitaires héréditaires, maladies inflammatoires et/ou auto-immunes recevant un traitement
immunosuppresseur), excepté les personnes qui reçoivent un traitement régulier par immunoglobulines ; personnes infectées par le
VIH quels que soient leur âge et leur statut immunovirologique ;
- maladie hépatique chronique avec ou sans cirrhose ;
• les personnes obèses avec un indice de masse corporelle (IMC) égal ou supérieur à 40 kg/m2, sans pathologie associée ou atteintes d’une pathologie autre que celles citées ci-dessus ;
• les personnes séjournant dans un établissement de soins de suite ainsi que dans un établissement médico-social d’hébergement quel que soit leur âge ;
• l’entourage des nourrissons de moins de 6 mois présentant des facteurs de risque de grippe grave ainsi définis : prématurés, notamment ceux porteurs de séquelles à type de broncho-dysplasie, et enfants atteints de cardiopathie congénitale, de déficit immunitaire congénital, de pathologie pulmonaire, neurologique ou neuromusculaire ou d’une affection de longue durée (cf. supra) ainsi que l’entourage des personnes immunodéprimées.
• les professionnels de santé et tout professionnel en contact régulier et prolongé avec des personnes à risque de grippe sévère.
• les personnels navigant des bateaux de croisière et des avions et personnel de l’industrie des voyages accompagnant les groupes de voyageurs (guides).
Les vaccins sont pris en charge par l'Assurance Maladie uniquement pour les bénéficiaires de la campagne anti grippe et pendant la durée de celle ci (du 13 octobre 2020 au 31 janvier 2021).
Liste des vaccins officiellement pris en charge (avec leur prix et leur indication au début de la campagne de vaccination) :
- InfluvacTetra (Prix honoraire compris : 12,19 € / prévention de la grippe chez les personnes agées de 3 ans et plus),
- VaxigripTetra (Prix honoraire compris : 12,19 € / prévention de la grippe chez les personnes agées de 6 mois et plus).
NB : Pour la premère année, il n'y a plus de vaccin trivalent officiellement disponible malgré l'absence d'ASMR des vaccins quadrivalents vis à vis des vaccins trivalents. Ce qui veut dire que la polémique sur les vaccins contre la grippe révélée par le SNJMG en 2018 et 2019 est encore plus d'actualité en 2020... même si la pandémie CoViD-19 la fera passer par pertes et profits.
Il faut environ deux semaines après avoir été vacciné pour être protégé.
NB : Comme l'a précisé en 2015 le ministère de la Santé en France, des études ont montré que la persistance des anticorps induits par la vaccination peut aller de 6 mois à 8-9 mois pour les personnes âgées de 65 ans et plus, les anticorps persistant plus longtemps chez les personnes plus jeunes. Ce qui veut dire que des personnes vaccinées en octobre devraient être protogée pendant toute la période à risque (le risque de défaut de couverture n'apparaissant qu'en cas d'épidémie extrémement tardive, en avril par exemple)...
Scheme vaccinal :
Pour les personnes agées de 9 ans ou plus :
Une seule injection de dose pleine (0.5ml) par an
Pour les moins de 9 ans :
- Vaccin tétravalent : Vaxigrip Tetra®
de 6 mois à 3 ans : 1 ou 2 doses (2 s’il s’agit d’une primovaccination) à 1 mois d’intervalle et 1 dose annuelle ensuite.
de 3 à 8 ans : 1 ou 2 doses (2 s’il s’agit d’une primovaccination) à 1 mois d’intervalle et 1 dose annuelle ensuite.
- Vaccin tétravalent : Influvac Tetra®
à partir de 3 ans : 1 ou 2 doses (2 s'il s'agit d'une primovaccination) à 1 mois d'intervalle et 1 dose annuelle ensuite.
Remarques :
- Tous les vaccins admis au remboursement par la Sécurité Sociale sont inactivés, sans virus vivant, et sans adjuvant lipidique.
- Tous ces vaccins sont utilisables chez la femme enceinte à tout stade de la grossesse.
- Le vaccin grippal tetravalant vivant atténué administré par voie nasale FLUENZ TETRA peut être utilisé chez les enfants âgés de 2 ans à 17 ans. Le schéma vaccinal comporte l’instillation de 0,1 ml de vaccin dans chaque narine. Comme tout vaccin vivant, le vaccin FLUENZ TETRA ne doit pas être administré aux enfants ou adolescents qui sont immunodéprimés ou qui ont dans leur entourage une personne immunodéprimée. Ce vaccin est disponible dans les pharmacies d'officine sur prescription médicale.
Contre-indications :
Hypersensibilité aux substances actives, à l’un des excipients mentionnés à la rubrique 6.1 ou à tout constituant pouvant être présent à l’état de traces comme les œufs (ovalbumine, protéines de poulet), la néomycine, le formaldéhyde et l’octoxinol-9.
Précautions d'emploi :
La vaccination doit être différée en cas de maladie fébrile modérée ou sévère ou de maladie aiguë.
La vaccination en pratique :
- Le patient est majeur(e) et plus et éligible à la vaccination contre la grippe :
Il recoit de sa caisse d’Assurance Maladie un bon de prise en charge du vaccin.
Il va directement chez son pharmacien qui lui remet le vaccin grippal sur présentation du bon.
Rendez-vous ensuite chez son infirmier, son médecin, sa sage-femme ou un pharmacien volontaire pour se faire vacciner.
Exception : les personnes qui ont déjà fait une réaction allergique sévère à l'ovalbumine ou à une vaccination antérieure doivent s'adresser à leur médecin pour la vaccination.
- Le patient est mineur et éligible à la vaccination contre la grippe :
La famille recoit le bon de prise en charge du vaccin grippal de la caisse d’Assurance Maladie.
Lors d'une consultation, le document est présenté à un médecin. S’il le juge nécessaire, il vous prescrira le vaccin contre la grippe.
Le vaccin est remis gratuitement par le pharmacien sur présentation de ce bon.
Rendez-vous ensuite chez un infirmier si le médecin a prescrit l'injection sur le bon. Sinon, le médecin injectera lui-même le vaccin (Rappel : Le pharmacien ne peut pas vacciner les personnes mineures).
- La vaccination contre la grippe est recommandée mais le patient n'a pas reçu de bon de prise en charge :
Certaines personnes pour lesquelles la vaccination contre la grippe est recommandée (femmes enceintes, entourage d'une personne immunodéprimée ou d'un nourrisson de moins de 6 mois à risque de grippe grave, personne obèses ayant un IMC supérieur ou égal à 40) ne reçoivent pas de bon de prise en charge de l’Assurance Maladie du fait de la difficulté de les identifier.
Tout patient correspondant à un de ces cas (ou tout patient éligible à la vaccination pour d'autres raisons) et qui n'a pas reçu de bon de prise en charge doit en parler à son médecin traitant qui pourra lui prescrire le vaccin antigrippal en l'absence de contre-indication et lui éditer un imprimé de vaccination gratuite vierge sur son compte "espacepro-cps.ameli.fr" (NB : voici un lien accessible aux médecins remplaçants : grippe.pdf). Le patient passe alors chez son pharmacien qui lui remet gratuitement le vaccin puis se fait vacciner par le professionnel de son choix : infirmier, médecin, sage-femme (pour les femmes enceintes et l'entourage du nourrisson).
- Le patient n'est pas éligible à la vaccination contre la grippe mais souhaite se faire vacciner :
Si un médecin souhaite prescrire le vaccin à un patient non ciblé par la campagne, il doit porter sur l'ordonnance la mention NR (non remboursable).
Rappels : Depuis 2008, les patients de plus de 18 ans, déjà vaccinés antérieurement contre la grippe, peuvent être vaccinés par un(e) infirmier(e) libéral(e) sans prescription médicale (la prescription préalable du médecin reste nécessaire pour les patients de moins de 18 ans). Depuis cette année, tou-te-s les pharmacien-ne-s volontaires peuvent vacciner des adultes contre la grippe.
La cotation de l'acte de vaccination est : K1= 1,92€, non cumulable avec G(S) pour les médecins généralistes.
NB : la plupart du temps, la vaccination est inclue gratuitement à une consultation standard de médecin généraliste.
Nb bis : Les infirmiers et pharmaciens sont rémunérés, par acte d’injection, 4,50 euros si le patient présente une prescription médicale pour le vaccin antigrippal et 6,30 euros pour le public présentant un «bon de prise en charge» (6,60 € dans les départements et régions d'outre-mer - DROM).
Rappel pour les médecins généralistes : La vaccination contre la grippe saisonnière est retenue comme l'un des indicateurs de la rémunération sur objectif de santé publique (Rosp). L'objectif à atteindre est la vaccination de 75 % des patients de 65 ans ou plus et des patients de 16 à 64 ans en ALD vous ayant déclaré comme médecin traitant. Le calcul est réalisé à partir des vaccins remboursés sans tenir compte de l’effecteur de l’injection.
Cas particulier ; vaccination des médecins généralistes
L'Assurance Maladie (CNAMTS + MSA + RSI) a adressé fin septembre aux professionnels de santé libéraux en contact avec des sujets à risque sévère et des personnes infectées un courrier d’invitation à la vaccination anti grippale auquel est joint un bon nominatif de prise en charge du vaccin.
Ce bon est également disponible en téléchargement depuis le compte ameli du professionnel de santé.
Comme les années précédentes, nous rappelons que les médecins remplaçants (qui ne recoivent pas le courrier de l'Assurance Maladie et ne disposent pas de compte ameli) peuvent toutefois :
- récupérer, avec son accord, le vaccin d'un médecin remplacé qui a décidé de ne pas se faire vacciner,
- utiliser un imprimé de vaccination gratuite vierge que nous mettons à leur disposition : grippe.pdf (Précision : nous procédons à cette mise à disposition en accord avec l'Assurance Maladie).
2- Utilité de la vaccination
Les autorités sanitaires françaises considérent la vaccination comme la principale mesure de prévention de la grippe. Leur politique vaccinale vise à protéger les personnes pour lesquelles la grippe peut être grave. Pour ces personnes, l’objectif est avant tout de réduire le risque de décès et de complications graves en cas de grippe.
Les autorités sanitaires françaises précisent que l’efficacité du vaccin est variable selon les années, selon les souches et selon les âges mais reste globalement modérée. (Ref.)
Le HCSP précise en 2014 : "La politique de vaccination contre la grippe des personnes âgées a été mise en place sans qu’il existe d’éléments scientifiques robustes démontrant l’efficacité des vaccins grippaux dans ce groupe de population. Les études de cohorte utilisées pour justifier a posteriori cette recommandation sont entachées de biais qui majorent l’efficacité du vaccin. La réduction de la mortalité toute cause confondue, observée dans tous les pays industrialisés ne peut pas,pour l’essentiel, être attribuée à la vaccination anti grippale. Par contre, les données demortalité attribuable à la grippe montrent une efficacité proche de 50 % (47 % dans l’étude de Fireman et al. [27]) (...) Cependant, même une efficacité vaccinale de l’ordre de 50 % sur l’excès de mortalité lié à la grippe, estimé entre 5 à 10 %, correspondrait à la prévention de plusieurs milliers de décès liés à la grippe chaque année en France. Au vu du profil de tolérance des vaccins, la balance bénéfice/risque apparaît donc largement en faveur du maintien de la stratégie de vaccination des sujets âgés."
Documentation complémentaire :
Affichette "Campagne de vaccination contre la grippe saisonnière"(PDF - 222.6 ko)
Cinq idées reçues sur la vaccination contre la grippe saisonnière (PDF - 186.6 ko)
Vaccination contre la grippe saisonnière. Questions/réponses Professionnels de santé (PDF - 227.8 ko)
Avis et rapport relatif à l’efficacité de la vaccination contre la grippe (PDF - 1.2 Mo)
Avis du Haut conseil de la Santé publique relatif à la vaccination contre la grippe saisonnière chez les personnes atteintes d'une hépatopathie chronique avec ou sans cirrhose (PDF - 138.6 ko)
Avis du Haut conseil de la Santé publique relatif à l'actualisation de la vaccination contre la grippe saisonnière dans certaines populations : femmes enceintes et personnes obèses (PDF - 113.8 ko)
Evaluation par les autorités sanitaires de l'efficacité du vaccin :
Toutes les sources indépendantes disponibles s'accordent sur la modeste efficacité du vaccin : au mieux, un peu plus de 50% soit deux fois moins de grippe chez les sujets vaccinés.
Selon la Collaboration Cochrane (Synthèse de la Cochrane collaboration éditée en 2010 et mise à jour en 2012), si la vaccination permet peut-être d’éviter une grippe sur deux, il n’existe aucune preuve que le vaccin soit efficace sur les complications de la grippe et notamment les décès. Dans le cas des nourrissons, la Collaboration Cochrane précise en 2012 : "In children under the age of two, the efficacy of inactivated vaccine was similar to placebo". Pour ce qui est spécifiquement des adultes, la synthese Cochrane publiée le 17 février 2010 juge que "les preuves disponibles sont de mauvaise qualité et ne donnent aucune indication quant à l'innocuité, l'efficacité potentielle et réelle des vaccins anti grippaux pour les personnes de 65 ans et plus". La revue Cochrane publiée le 14 mars 2014 conclue : "Influenza vaccines have a very modest effect in reducing influenza symptoms and working days lost in the general population, including pregnant women. No evidence of association between influenza vaccination and serious adverse events was found in the comparative studies considered in the review". Et dans ses mises à jour du 1er février 2018, les synthèses Cochrane restent constantes pour les vaccins actuels :
- Les vaccins inactivés peuvent réduire la proportion d'adultes en bonne santé développant la grippe ou un syndrome grippal, mais leur impact est modeste (...) La protection contre la grippe et le syndrome grippal par l'administration du vaccin antigrippal inactivé chez les femmes enceintes est incertaine, ou du moins très limitée,
- Chez les enfants âgés de 3 à 16 ans, les vaccins inactivés réduisent probablement le risque de contracter la grippe (preuves de certitude modérée) et peuvent réduire le risque de contracter un syndrome grippal (preuves de faible certitude). Le risque d'otite moyenne semble similaire entre les enfants vaccinés et les enfants non vaccinés,
- L'impact des vaccins contre la grippe chez les personnes âgées est modeste.
Aux USA, un rapport publié le 02 octobre 2012 par un organisme indépendant, le CIDRAP (Center for Infectious Disease Control and Policy) de l’Université du Minnesota, estime que la protection apportée par les vaccins contre la grippe saisonnière, est largement exagérée sinon erronée. Après avoir examiné les études d’efficacité de 1967 à 2012, les auteurs du rapport constatent que les vaccins anti grippaux trivalents inactivés injectables (VTI) :
• Protègent les adultes en bonne santé de 18 à 64 ans à un taux d’environ 59 pour cent,
• Manquent de preuves cohérentes de protection chez les enfants âgés de 2 à 17 ans,
• Ne possèdent que des preuves incohérentes vis-à-vis de la protection des adultes de 65 ans et plus.
En Grande Bretagne, un article du BMJ publié en 2013 conclue : "The level of evidence to support risk factors for influenza related complications is low and some well accepted risk factors, including pregnancy and ethnicity, could not be confirmed as risks". Et, la médecin généraliste, Margaret McCartney, précise dans un article publié encore une fois par le BMJ en 2014 : "The evidence is uncertain among people with asthma 9; however, flu vaccination does seem to usefully reduce exacerbations in people who have chronic obstructive pulmonary disease 10"
En France, trois médecins généralistes, militants de l'indépendance médicale, se sont penchés sur la question de l'intérêt de la vaccination contre la grippe.
Dans l'article récapitulatif pour Atoute.org (fait en 2010 et mis à jour en 2012), Dominique Dupagne précise que "le vaccin permet de diminuer au mieux par deux la probabilité d’être alité et incapable de travailler plusieurs jours, tous les dix ou quinze ans". Et en octobre 2015, toujours sur atoute.org, il rappelle : "Se vacciner tous les ans contre la grippe induit une immunité modeste et éphémère. La maladie grippale apporte au contraire une immunité forte, durable, et étendue à des virus grippaux proches de celui ayant provoqué la maladie. Priver durablement des adultes d’une immunité naturelle pourrait avoir des conséquences graves lors de leur grand âge". Et, dans la version actualisée publiée le 05 octobre 2017, il précise : "La vaccination annuelle chez des sujets de moins de 80 ans en bonne santé et/ou souffrant d’une affection chronique peu menaçante (comme le diabète de type 2) pourrait exposer à des risques graves qui ne sont pas pris en compte (...) Un autre argument plaide pour l’utilisation volontairement limitée du vaccin grippal : le meilleur moyen de sélectionner un virus mutant est d’opposer un obstacle au virus "standard". Cela s’appelle de la "pression sélective". Si un grand nombre de français sont vaccinés, cette pression sélective favorisera obligatoirement l’émergence de virus grippaux mutants, résistants aux anticorps induits par le vaccin, suivant un mécanisme comparable dans son principe aux résistances bactériennes induites par les antibiotiques. Étendre la vaccination, c’est menacer l’efficacité du vaccin pour ceux qui en ont vraiment besoin."
Dans son analyse de Décembre 2012, Recommandations vaccinales: Avis d'experts, Jean Claude Grange estime que ni l'obésité ni la profession de médecin généraliste ne sont des indications pour la vaccination. Dans un autre billet, publié le 20 novembre 2014, Jean Claude Grange rappelle que "les preuves d'efficacité manquent pour la vaccination des personnes âgées de 65 ans et plus et pour celle des personnels de santé dans le but de protéger les patients fragiles" et décortique le rapport 2014 du HCSP (évoqué plus haut) en réponse à la saisine de la DGS (en rappelant les - conséquentes - déclarations publiques d'interet - DPI - des membres du groupe de travail, auteur du rapport du HCSP).
Enfin, le Dr le Flohic, dans un billet de blog publié le 17 janvier 2017, estime : "Les études a postériori (INVS/BEH) en réanimation nous montrent la dangerosité des virus grippaux, et doivent inciter à la vaccination des personnes à risque, même si la protection est relative [Mais,] dans l'attente de vaccins plus polyvalents (ciblant des sites non sujets à mutations annuelles), il faut s'interroger sur la pertinence de la vaccination grippe dans les populations non à risque". Et le 06 janvier 2018, il précise pour la vaccination des résidents en EHPAD :
Du coté des revues indépendantes francophones :
Selon la revue Prescrire :
- "La vaccination grippale des patients dont la fonction hépatique est altérée de manière chronique apparaît raisonnable". (Ref)
- "Vaccination des personnes âgées contre la grippe saisonnière. Peu d'efficacité, peu d'effets indésirables : une balance bénéfices-risques qui reste plutôt favorable" (n° 329 pages 205-208)". (Ref)
Selon la revue Minerva :
- "L’efficacité de la vaccination contre l’influenza du personnel de maison de repos avec comme objectif la prévention de complications de la grippe parmi les résidents telle une hospitalisation ou le décès par pneumonie n’est pas montrée". (Ref)
Cas particulier : Vaccination des personnels de santé
Dans le sens des conclusions de Minerva et des propos de Jean Claude Grange, il n'y a pas, selon une étude publiée par le CDC le 20 juillet 2012, de référence scientifique indépendante démontrant l'intérêt de vacciner les professionnels de santé pour protéger les patients qu'ils soignent. Depuis cette étude du CDC, une publication Cochrane en date du 02 juin 2016 s'est interessée à la "vaccination antigrippale des professionnels de santé qui s'occupent de personnes âgées de 60 ans ou plus vivant dans des établissements de soins de longue durée". Cette publication conclue : "Les résultats de notre revue n'ont pas identifié de preuves concluantes d'un bénéfice des programmes de vaccination des PS sur les critères de jugement spécifiques de la grippe confirmée en laboratoire, de ses complications (l'infection des voies respiratoires inférieures, l'hospitalisation ou le décès dû à une maladie des voies respiratoires inférieures), ou de la mortalité toutes causes confondues chez les personnes de plus de 60 ans qui vivent dans des établissements de soins. Cette revue n'a trouvé aucune information concernant d'autres interventions qui peuvent être coordonnées avec la vaccination des travailleurs de santé : le lavage des mains, le port de masques faciaux, la détection précoce de la grippe confirmée en laboratoire, la quarantaine, le report des admissions, les antiviraux et la recommandation aux professionnels de santé avec la grippe ou un syndrome d'allure grippale (SAG) de ne pas venir au travail. Cette revue ne fournit pas de preuves raisonnables pour soutenir la vaccination des professionnels de santé pour prévenir la grippe chez les personnes âgées de 60 ans ou plus résidant dans des ESLD. Des ECR de bonne qualité sont nécessaires pour éviter les risques de biais méthodologiques identifiés dans cette revue et pour tester ces interventions en combinaison". De plus, une étude publiée le 27 janvier 2017 dans PLoS One (study) conclue : "Health worker flu vaccine data insufficient to show protection for patients", ce qui fait dire à Michael Osterholm, directeur du Center for Infectious Disease Research and Policy (CIDRAP) à l'University of Minnesota : "We have to make public health recommendations based on good science (...) but we do not have the justification to take punitive action against healthcare workers if they don't get vaccinated” (Ref.). Enfin, la revue Prescrire rappelle, en novembre 2018 : "Pour protéger les personnes âgées vivant en institution, la vaccination antigrippale des soignants est d'efficacité incertaine et expose à peu de risques (...) Il est important de mettre en œuvre de toute façon d'autres mesures de prévention de transmission de la grippe saisonnière aux personnes les plus fragiles : se laver les mains à chaque fois qu'elles ont pu être contaminées avant de les porter à la bouche, au nez ou aux yeux ; porter un masque en cas de signe d'infection ; éviter de travailler quand on est contagieux, s'isoler et se couvrir la bouche en cas d'éternuement ou de quinte de toux ; nettoyer les objets et surfaces souillés" (Ref.).
Cette question de la vaccination des médecins est un nouveau sujet de débat en France depuis 2017 :
NB : A signaler également ce rappel historique fait par Christian Lehmann sur la gestion de la grippe et de la vaccination en France :
Documentation complémentaire :
- Article de la Revue Prescrire sur la vaccination 2019-2020 (réservé aux abonnés)
- Revue de presse sur les vaccinations antigrippales depuis 2010
3- Risques de la vaccination
- Vaccins contre la grippe saisonnière :
Selon l’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), "Plus de cinquante années d’utilisation dans le monde de ces vaccins trivalents en confirment la sécurité d’emploi". Les effets indésirables les plus fréquents sont des effets bénins et transitoires comme des réactions au site d’injection (douleurs et rougeurs), voire des réactions systémiques telles que des douleurs musculaires, des malaises, des céphalées et/ou une fièvre légère. La survenue de réactions allergiques graves demeure quant à elle extrêmement rare (<1 cas/million de doses vaccinales). (Ref.)
- Vaccin USA contre la grippe porcine de 1976 :
Si une association entre la vaccination antigrippale et la survenue d’un syndrome de Guillain-Barré, affection auto-immune neurologique, a été évoquée en 1976 aux Etats-Unis lors d’une campagne de vaccination de 45 millions de personnes contre la grippe porcine, une revue de la littérature montre que ce risque est rare. Il ne concerne en effet qu’un cas de plus par million de personnes vaccinées par rapport à la fréquence attendue dans la population adulte. En revanche, la grippe est considérée comme un des facteurs de risque possible du syndrome de Guillain-Barré avec une incidence de l’ordre de 4 à 7 pour 100 000 sujets grippés. (Ref.)
- Vaccins contre la grippe A(H1,N1)2009 :
Voir la revue de presse : Quid du vaccin contre la grippe A ?
Signalons pour terminer cette étude US de 2017 :