Après avoir participé à la mobilisation des internes de Médecine Générale d’Ile de France suite aux ratés des choix de stages hospitaliers, le Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes (SNJMG) s’est investi dans le mouvement des personnels hospitaliers en se joignant aux mobilisations des 14 et 30 novembre 2019.
Dans la suite de ces engagements, le SNJMG appelle les internes de Médecine Générale, mais aussi les FFI et jeunes hospitaliers de MG, à participer au mouvement de grève nationale des internes débutant le 10 décembre, impliquant également les internes de pharmacie et des autres spécialités médicales.
NB : le SNJMG a ouvert des groupes de discussion WhatsApp pour echanger (organisations, revendications et négociations) entre IMG et jeunes généralistes hospitaliers sur la grève. Si vous souhaitez y participer, merci de vous manifester auprès de notre secrétariat.
D'un point vue pratique, le SNJMG laisse les internes de Médecine Générale, les FFI et jeunes hospitaliers de Médecine Générale, libres de s'organiser localement comme bon leur semble : grève totale et illimitée à compter du 10 décembre, grève totale ou ne concernant qu’une activité (obligations de services, astreintes, gardes, obligations universitaires) certains jours, temps ponctuels de grève à compter du 10 décembre... (voir ci dessous pour les modalités pratiques de la grève)
Il recommande toutefois un engagement maximal pour la première journée du 10 décembre 2020, la journée du 17 décembre 2019, journée de mobilisation pour l’hôpital et le système de santé ainsi que pour la journée du 20 janvier 2020, journée de mobilisation des internes #bluemonday.
Chronologie succincte :
- 06 décembre 2019 : Discussion entre le SNJMG et la ministère de la Santé, à l'occasion du dépôt de son préavis de grève
- 10 décembre 2019 : Début du mouvement des internes
- 17 décembre 2019 : Journée de mobilisation pour l’hôpital et le système de santé
- 23 décembre 2019 : Communiqué du SNJMG sur ses revendications concernant les remplacements avant la thèse
- 16 janvier 2020 : Nouvelle discussion entre le SNJMG et le ministère de la Santé, à l'approche du #bluemonday
Modalités pratiques de grève pour les Internes en Médecine Générale :
Si aucune déclaration individuelle de grève n’est définie législativement dans le monde de la Santé, les internes grévistes risquent toutefois des sanctions pour abandon de poste.
Le SNJMG conseille donc aux internes qui souhaitent participer à la grève d'adresser au bureau des affaires médicales de leur établissement (ou du CHU de rattachement pour les internes en stage ambulatoire), par courrier, fax ou courriel, cette déclaration individuelle de grève complétée et signée.
NB 1 : Cette déclaration est à remettre au plus tard le premier jour de participation à la grève.
NB 2 : Bien évidemment, il est conseillé de prévenir également les chefs de service du stage et des gardes concernées ou les maîtres de stages ambulatoires concernés.
La confrontation de deux principes reconnus par la Constitution française, le droit de grève et la continuité du service public, font que le droit de grève peut être restreint pour des impératifs de santé publique. Les deux dispositions qui peuvent être prises dans ce sens sont :
* L’assignation : c'est une mesure purement administrative. Le directeur de l’établissement fixe la liste des emplois correspondant aux postes dont les titulaires doivent demeurer en fonction. Une lettre de désignation est transmise au personnel directement concerné, soit par lettre recommandée, soit remise en main propre contre récépissé.
* La réquisition : c'est une décision de l’autorité judiciaire dans le contexte d’une affaire judiciaire, ou de l’autorité administrative lorsque l’intérêt supérieur du pays l’exige. Elle est impérative, sous peine de poursuites.
- L’assignation des internes :
La circulaire Bouquet du 12 mars 1997 adressée aux directeurs des hôpitaux précise : « (…) Sa participation à l’activité hospitalière ne pouvant pas être considérée comme indispensable à la continuité des soins(…) Il m’apparaît au vu tant de la réglementation que de la jurisprudence que les internes ne doivent en règle générale pas être assignés au maintien du service, ou alors uniquement en dernier recours lorsqu’il a été fait appel à tous les autres personnels hospitaliers de l’établissement (…). »
En pratique : le directeur doit assigner successivement les praticiens temps plein tenus à un service de garde et dans la limite de leurs obligations de service (titulaires [praticiens hospitaliers, universitaires ou non] et attachés temps plein), puis les non grévistes, puis en dernier recours les grévistes.
Il y a donc assignation abusive quand les autres médecins temps plein et/ou internes non grévistes n'ont pas été assignés.
Dans ce cas, le SNJMG propose de retourner la lettre d'assignation, après avoir porté la mention "reçu le ..." et en avoir conservé une copie, en y portant la mention manuscrite :
"Je soussigné X., Interne/FFI dans le service Y., refuse l'assignation, celle-ci étant abusive et portant atteinte à mon droit de grève, car les praticiens temps-plein et personnels non grévistes n’ont pas été assignés avant moi. Date, signature"
et en y joignant une lettre datée et signée faisant établir par un ou plusieurs praticiens temps plein et/ou internes non grévistes qu’ils n’ont pas été assignés par le directeur de l’hôpital en lieu et place d’un gréviste.
Exemple : "Je soussigné Dr. X., PraticienHospitalier/Attaché/Assistant/FFI/Interne dans le service Y., certifie n'avoir pas été assigné à ce jour pour assurer aucune garde / présence en service le ... . Fait à ...., le .... Signature"
En cas de doute ou de pressions locales trop importantes, le SNJMG conseille d’accepter l'assignation en y portant la mention "Reçu le ...", et la mention «Suite à des pressions, j’accepte de répondre à l’assignation même si celle-ci est abusive et porte atteinte au droit de grève. Date, signature », et en conservant une copie.
Cette copie pourra être utilisée pour contester la décision du directeur de l'établissement hospitalier devant le tribunal administratif.
- La réquisition des internes
Cette mesure peut concerner tous les personnels, y compris les internes, de tout établissement de santé, social ou médico-social.
Comme pour l’assignation, le ministère de la Santé considère que « la réquisition d’un interne ne pourrait se justifier qu’en dernier recours ».
- Cas particulier des enseignements du DES de MG
Le préavis du SNJMG "couvre" les internes de MG pour leurs activités en stage (hospitalier ou ambulatoire) mais aussi vis à vis de leurs obligations universitaires.
Ainsi, les IMG qui se déclareront grèvistes ne pourront pas être pénalisé-e-s en cas d'absence à un enseignement de DES ce(s) jour(s) là.
Bien évidemment, le SNJMG conseille aux IMG grévistes d'adresser au plus tôt une copie de leur déclaration individuelle de grève à l'enseignant chargé de cours le(s) jour(s) correspondant.
Modalités pratiques de grève pour les FFI en Médecine Générale et les Médecins Généralistes Hospitaliers :
Déclaration individuelle de grève
Dans les jours qui précèdent, ou au plus tard le jour même de la grève, il convient d’adresser une déclaration individuelle de grève par courrier, fax ou courriel :
- à l’administration de son établissement
- avec copie à son chef de service,
- et copie à l’organisation syndicale locale quand elle existe (voire organisation syndicale régionale ou nationale sinon). Ceci est particulièrement important pour qu’il soit possible de compter les grévistes (sans se contenter des chiffres donnés par les administrations des établissements).
NB :Il est aussi possible d'adresser un tableau avec nom, prénom et signature des grévistes.
Un délai de 48h est habituellement recommandé, mais on peut se déclarer gréviste le jour même. Normalement, l'administration doit s'enquérir auprès des chefs de service de l'impact de la grève sur l'organisation des soins.
Service minimum
Le Chef de Service s'informe auprès des praticiens concernés de leur intention de participer à la grève pour déterminer si le mouvement aura des répercutions sur l’organisation des soins. Il établit un tableau de service en fonction des praticiens non grévistes et détermine si les moyens sont suffisants pour assurer le service minimum permettant la continuité des soins. Ce service minimum peut être défini de façon similaire à celui d’un jour non ouvré.
Dans le cas où ces moyens paraissent insuffisants, il en informe l'administration qui peut procéder à des assignations (à la demande de l’administration et du chef de service) ou des réquisitions (signées par le préfet).
Il n’y a pas de définition légale du service minimum, c’est à la direction de le définir pour assurer la continuité des soins. Ce n’est pas nécessairement une limitation à la prise en charge des urgences comme pour un dimanche ou jour férié.
Assignations et Réquisitions
Le personnel non gréviste doit être sollicité pour assurer le service, y compris ceux qui sont prévus en repos ou en formation. Si vous êtes assignés alors que des médecins non-grévistes sont absents, il peut s’agir d’une assignation abusive. Il faut alors saisir le tribunal administratif en référé pour la faire annuler. A défaut, toujours répondre à une assignation au risque de s’exposer à des sanctions, quitte à demander réparation devant le tribunal administratif a posteriori. Une assignation doit être remise en mains propres, par recommandé ou par courriel à l’intéressé(e).
La réquisition ne peut être employée que par le préfet de département. Ce pouvoir est régi par l’article L2215-1 du Code général des collectivités territoriales :
« En cas d’urgence, lorsque l’atteinte constatée ou prévisible au bon ordre, à la salubrité, à la tranquillité et à la sécurité publiques l’exige et que les moyens dont dispose le préfet ne permettent plus de poursuivre les objectifs pour lesquels il détient des pouvoirs de police, celui-ci peut, par arrêté motivé, pour toutes les communes du département ou plusieurs ou une seule d’entre elles, réquisitionner tout bien ou service, requérir toute personne nécessaire au fonctionnement de ce service ou à l’usage de ce bien et prescrire toute mesure utile jusqu’à ce que l’atteinte à l’ordre public ait pris fin ou que les conditions de son maintien soient assurées. »
NB : Les praticiens assignés ou réquisitionnés sont comptabilisés comme grévistes et peuvent porter un badge signalant leur engagement au côté du mouvement.
Retenues sur traitement
La retenue doit être proportionnelle à la durée de la grève, calculée sur l'ensemble de la rémunération (traitement, primes et indemnités) :
• 1/30e pour une journée d'absence
• 1/60e pour une demi-journée d'absence
• 1/151,67e par heure d'absence
Un gréviste assigné sera rémunéré normalement. Si la grève dure plusieurs jours consécutifs, le nombre de 30èmes retenus est égal au nombre de jours compris du 1er jour inclus au dernier jour inclus de grève, même si cette période comprend des jours fériés, des week-ends ou des congés. Pour une grève d’un vendredi au lundi suivant, il est retenu 4/30èmes. L'exercice du droit de grève ne doit pas être mentionné sur le bulletin de paie du gréviste (en général la retenue est faite à la rubrique « absence non rémunérée »).