Publié le Vendredi, 2 Mars 2012, dans la catégorie
Communiqués de Presse
Si les obstacles financiers représentent la première et principale difficulté en matière d'accès aux soins, il existe également en France des problèmes de démographie médicale.
Ce n'est pas une découverte pour le Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes (SNJMG) puisqu'il alertait dès la fin des années 1990 sur la menace de pénuries localisées d'offre médicale. A l'époque, les "experts" de santé publique parlaient de 20 000 médecins de trop en France, des syndicats médicaux demandaient des mesures coercitives pour conjurer le risque de pléthore médicale et le gouvernement subventionnait les départs anticipés à la retraite de médecins dès l'âge de 56 ans...
En 2012, les craintes ont désormais changées de nature mais les positions des politiques et des "experts" restent aussi démagogiques ou caricaturales que dans les années 1990 : augmentation du nombre d'étudiants en médecine et obligation pour les médecins de s'installer en zones déficitaires...
L'aveuglement stratégique anime la politique de santé dans notre pays. Cette politique est souvent le fruit d'une projection d'attentes conjoncturelles, et de modèles obsolètes à des nouvelles situations.
La coercition n'a jamais fait la preuve de son efficacité, et il est illusoire d'attendre d'une mesure univoque la solution à un problème multifactoriel.
Dans la problématique globale de démographie médicale, la Médecine Générale vit une crise identitaire spécifique et c'est à l'aune de cette crise que le SNJMG émet les propositions suivantes :
1/ Une régulation incitative de l’offre de soins selon les besoins locaux par la mise en place d'un forfait structurant à l'installation en complément de la rémunération à l'acte et modulable en fonction du lieu et du mode d'exercice
2/ Un nouveau contrat conventionnel avec un secteur conventionnel unique revalorisé, qui rémunère à sa juste valeur l'acte intellectuel et technique en associant paiement à l'acte et forfaits.
3/ Une politique d'évolution de carrière avec passerelles entre les spécialités
4/ Une souplesse des liens entre la formation initiale et la pratique quotidienne
5/ Une diversification de l’activité dans des structures diverses (cabinets privés ou maisons de santé publiques) et selon des statuts divers (activité libérale et/ou salariée).
6/ Une augmentation du "temps médical" par:
- La promotion de regroupements (pas obligatoirement physiques mais organisationnels) par bassin de vie et la création de plateaux techniques de médecine ambulatoire de proximité, de qualité, publics ou privés, sans exclusive en tenant compte des spécificités territoriales et de l'offre de soins pré existante
- L'organisation de la délégation d'actes médicaux sous la responsabilité et le contrôle du médecin et la création de "coursiers sanitaire et social" pour l'aide à la prise en charge sociale des patients(*)
- L’évolution et la promotion, dans le respect de l’indépendance médicale, des sociétés libérales (SEL) - afin de séparer le patrimoine privé et professionnel, et surtout de simplifier l'investissement - et la délégation de la gestion administrative.
7/ une introduction d'un module de gestion et de droit dans la formation initiale et la création d'un diplôme de "médecin gérant" dans le cadre de la formation médicale continue.
Le SNJMG, syndicat rassemblant internes, remplaçants et jeunes installés ou salariés en Médecine Générale réaffirme par ces propositions l'importance d'un engagement volontariste incitatif et dénonce les velléités de "gérer" les jeunes médecins comme les stocks de marchandises d'une entreprise.
(*) : à l’exemple de l’association ARESPA (http://www.soinspalliatifs-fc.fr/reseau_arespa.php)