L’Ordre des médecins persiste et signe : peu après avoir condamné une initiative d’un collectif antiraciste, l’Ordre prend une nouvelle position rétrograde en s’opposant à un projet de loi qui propose d’allonger le délai d’IVG et de mettre fin à la clause de conscience spécifique (1). Une mesure obtenue après des années de lutte par des collectifs et associations féministes, et qui constitue un progrès social indéniable.(2)
Comme le soulignent depuis des années le SMG et le MIOP (3), les manquements, fautes et abus de l’Ordre des Médecins ne sont plus à prouver. En multipliant ces prises de positions politiques réactionnaires, qui engagent l’ensemble du corps médical, l’Ordre donne à voir son vrai visage : l'équivalent d'un syndicat plaçant les intérêts de sa corporation avant celui des patients. Il outrepasse ainsi ses fonctions, en plus de faillir à exercer celles qui lui incombent. Citons le rapport de la Cour des comptes publié en Décembre 2020 : « Délaissant le cœur de ses missions, l’ordre intervient par ailleurs de plus en plus sur le terrain de la défense des intérêts de la profession, alors que les règles législatives qui encadrent son action depuis 1945 (...) lui interdisent d’empiéter sur les missions des syndicats. (…) dès lors qu’il regroupe tous les médecins, il ne peut en aucun cas exprimer un point de vue politique qui les engagerait tous." (4)
Par cette prise de position l’Ordre des médecins piétine nos libertés, nos convictions et nos valeurs. Nous, médecins, sommes contraints de cotiser à un simili syndicat dont nous contestons la légitimité et dont nous ne partageons pas les valeurs. Nous ne voulons plus être soumis à une institution qui entrave les luttes sociales, qui piétine les luttes antiracistes, féministes, LGBTQI, qui s’oppose à toute évolution vers une démocratie sanitaire en partageant le pouvoir avec les usager.es du système de santé.
Nous continuerons à nous battre aux côtés de celles et ceux qui luttent pour leur santé, leurs droits, leurs vies, pour construire un système de santé plus juste. Il ne s’agit pas pour nous d’une révolte passagère, mais d’un engagement fort à respecter notre serment «Je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité, de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux ».
Nous renouvelons notre appel auprès des associations, usager.es, politiques, syndicats : ensemble, unis, supprimons les conseils ordinaux de santé et construisons une santé plus juste et démocratique avec des instances impliquant les patients et prenant en compte leur besoins et difficultés.
1.https://www.conseil-national.medecin.fr/publications/communiques-presse/clause-conscience-livg
4. https://www.ccomptes.fr/fr/publications/lordre-des-medecins
Contact Presse : Benoit Blaes – presidence@snjmg.org – 07.61.99.39.22
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