Lettre d'information du SNJMG #129

Bonjour

 

Quelle journée !

Quelques heures après la publication par Les Echos du plaidoyer du Pr Vallancien en faveur d’une formation médicale sous influence de l’industrie pharmaceutique (« La formation des médecins doit s'effectuer en collaboration avec les industriels qui créent les matériels et médicaments que nous utilisons »), le Parisien met à mal la ligne de défense de Jacques Servier (« Le Mediator n’est pas un coupe-faim. ») en publiant une plaquette publicitaire de son laboratoire conseillant clairement aux praticiens de le prescrire aux personnes en surpoids !

 

Cette révélation vient aussi relancer la polémique sur le fonds d’indemnisation des victimes du Mediator. Suite à la révélation du rapport de l'IGAS, le ministère de la Santé avait accédé à la demande des associations de patients mais aussi du SNJMG pour la création d'un fonds permettant, indépendamment de toute action en justice, d'assurer une rapide indemnisation des victimes du benfluorex.

Faute d'avoir trouvé un accord avec le laboratoire Servier, ce n'est que mercredi dernier que le conseil des ministres a approuvé la création d'un fonds géré par l'ONIAM. Surprise : ce projet prévoit que le fonds mettra à contribution "le ou les exploitant(s)" du benfluorex (NB : il y a eu sur le marché, en 2009, 2 génériques du benfluorex) mais aussi les médecins prescripteurs du produit (NB : en ce qui les concerne, il s'agit d'une possibilité pas d'une obligation).

Cette possibilité, jamais évoquée en public avant une première indiscrétion du Figaro le 06 mai 2011, a provoqué la réaction épidermique de syndicats de médecins installés, non dénuée parfois du risque d'effets pervers.
Au SNJMG, nous remarquons d'abord que cette clause n'a fait l'objet d'aucune justification/explication de la part du ministère de la Santé, notamment après l'intervention TV de Mr Xavier Bertrand le 08 mai 2011. D'autre part, cette clause ne répond pas à une demande d'association de malades.

Dans l'attente d'éclaircissements, "l'après Mediator" commence à prendre forme.
Entendons nous bien, il n'existe aucune certitude sur les réformes institutionnelles qui pourraient être entreprises : pour l'instant, les seules avancées obtenues en matière de médicament en France sont le fait de lanceurs d'alertes comme Elena Pasca (avec son blog pharmacritique) , la revue Prescrire (qui a le don d’agacer le Pr Vallancien) ou le Formindep (qui vient de faire censurer par le Conseil d'Etat, la recommandation de la HAS sur le diabete de type 2).
Non, notre remarque concerne le volet médico légal : Comment, par exemple, un médecin peut il désormais établir (ou renouveler) un traitement d'Actos sans évoquer l'absence d'ASMR de ce produit en matière de diabète ni parler de la forte présomption de cancers qui seraient induit par la prise de ce produit ?

Sensible à cette problématique, le SNJMG a mis à la disposition des médecins, dès le lendemain de la médiatisation par l'AFSSAPS des médicaments à surveillance renforcée, une liste pratique de médicaments pouvant poser problème dans l'exercice de la Médecine Générale : quels sont les problèmes que posent ces médicaments, dans quelles conditions peut on prescrire certains d'entre eux, quels sont ceux à supprimer ou à remplacer par des alternatives plus sures et/ou plus efficaces... Cette liste régulièrement mise à jour peut être obtenue sur simple demande à l'adresse : snjmg-info@wanadoo.fr.

Mais, le sentiment de confusion ne concerne pas que le Mediator, il y a aussi la tragi comédie des négociations en vue de la signature d'une nouvelle convention médicale.
Depuis le mois dernier, l'axe CSMF/SML pratique la politique de la chaise vide pour protester contre la présence de représentants de futurs et jeunes médecins aux réunions de négociation. Ces représentants ne demandent pas à participer à la négociation (réservée, et c'est logique, aux seuls syndicats reconnus représentatifs des médecins conventionnés) mais simplement à assister à la négociation (en étant invités dans des délégations de syndicats habilités à négocier). Mais, l'axe CSMF/SML estime que leur présence bloque toute discussion et qu'ils sont manipulés par l'Assurance Maladie et les autres syndicats représentatifs, accusés de faire le jeu du PS en vue de la séquence électorale de 2012 : "La présence des jeunes dans les délégations du Bloc et de MG France avait été orchestrée (...) par le directeur de l’UNCAM, décidé à perpétuer la tradition imposée par Mme Bachelot et que le Parti socialiste souhaite voir maintenue
". 
 
En fait, la question de la présence des futurs et jeunes médecins n’est qu'un prétexte comme le reconnait le Dr Chassang, Président de la CSMF
(« Les jeunes ne sont pas le vrai problème »). Fort de son succès électoral aux URPS (55% des voix exprimées), l'axe CSMF/SML souhaite signer une convention tripartie avec l'Assurance Maladie. Or cette volonté se heurte à la feuille de route du directeur de l'Assurance Maladie (une convention avec le plus grand nombre de syndicats sans négociation à rallonge, propice à toutes les surenchères) et surtout au désir du pouvoir politique de "pacifier" ses relations avec les médecins en se prévalant d'une convention consensuelle, ne polluant pas la future campagne électorale.
Ainsi, l'axe CSMF/SML joue habilement le "clash" avec les "jeunes" pour faire coup double : bras de fer avec l'Assurance Maladie sur la conduite des négociations et mise en garde du pouvoir politique sur les motivations des autres syndicats médicaux...

Tout ceci n'empêche pas le SNJMG d'aider concrètement les jeunes médecins généralistes à s'installer. Ainsi, le SNJMG organise samedi 21 Mai 2011 (de 14h à 17h) à Paris un séminaire d'information sur l'installation, en partenariat avec le Sou Médical/MACSF, le Centre d'information des Professionnels de Santé (CIPS) et la Banque Populaire. Attention, le nombre de participants à ce séminaire est limité : Merci de vous inscrire rapidement sur la page dédiée de notre site Internet si vous êtes intéressé(e) !
 

A bientôt !