Vaccination contre le coronavirus : rassurer sans mépriser, impossible pour les médecins ?

 

Suite au lancement de la campagne vaccinale, le Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes (SNJMG) tient à préciser son positionnement sur le vaccin et ses enjeux : les médecins généralistes sont en effet en première ligne face au Covid-19 (1).

Nous rappelons à toutes fins utiles que depuis toujours, notre syndicat est indépendant de l’industrie pharmaceutique.

Les études actuellement disponibles concernant le vaccin semblent rassurantes. La balance bénéfice-risque paraît favorable selon l'HAS (2), même si des incertitudes demeurent selon la revue Prescrire (3).

Nous pensons que se faire vacciner, en plus des autres mesures barrières, constitue un moyen de lutter contre l'épidémie de coronavirus. Nous incitons donc les personnes à se faire vacciner, selon la priorisation prévue (personnes âgées, travailleur.ses en santé, etc...). Nous regrettons toutefois que la vaccination des personnes vulnérables et précaires, vivant en collectivité (prisons, établissements psychiatriques, foyers…) ne soit pas plus précoce. (4)

Nous rappelons aussi notre opposition formelle à toute mesure coercitive concernant la vaccination. Il s’agirait d’une entorse grave au code de santé publique. Le consentement éclairé doit être recherché. Nous devons fournir "une information claire, loyale et adaptée" et respecter la décision finale qui appartient aux usager.e.s. (5)

Nous nous désolidarisons de nos confrères et consoeurs s’improvisant « gardiens de la raison » (6), répondant par le mépris, l’insulte et l’agressivité à toute question légitime sur la vaccination (concernant les conflits d’intérêts, les effets secondaires, le manque de recul sur le vaccin ou bien encore sur la mise en scène médiatique douteuse de la première vaccination). Il est possible de conseiller un vaccin, tout en faisant preuve d’humilité, sans étiqueter « antivax », « complotiste » ou « covidiot » toute personne ayant des interrogations de bonne foi. Nous pensons d’ailleurs que l’apport des sciences humaines et sociales est indispensable pour mieux comprendre les enjeux d'acceptation ou de méfiance envers les vaccins dans la population, sans omettre la responsabilité du corps médical lui-même.

En conclusion : la vaccination Covid-19 est utile, avec une balance bénéfice risque favorable.

Mépriser la population est délétère, avec des effets secondaires graves. A quand un vaccin contre la suffisance des médecins ?

 

Sources:

(1) : Coronavirus en France : les défis de la campagne de vaccination

(2) : https://www.has-sante.fr/jcms/p_3227179/fr/vaccination-contre-la-covid-19-la-has-definit-la-strategie-d-utilisation-du-vaccin-comirnaty 

(3) "Vaccin Covid-19 à ARN messager tozinaméran (Comirnaty) des firmes Pfizer et BioNTech) et personnes âgées: quelques donné,es beaucoup d'incertitudes", Prescrire, 23/12/20

(4) https://www.has-sante.fr/jcms/p_3221237/fr/vaccins-covid-19-quelle-strategie-de-priorisation-a-l-initiation-de-la-campagne

(5) https://www.france-assos-sante.org/communique_presse/la-vaccination-anti-covid-un-acte-medical-qui-doit-sinscrire-dans-le-cadre-habituel-de-la-relation-patient-medecin/

(6) https://www.editionsladecouverte.fr/les_gardiens_de_la_raison-9782348046155