Voici une semaine, sentant gronder la révolte des internes, les directeurs de cabinet des ministères de l'intérieur et de la Santé adressaient (enfin !) une circulaire réorganisant la gestion des réquisitions. Afin de suivre l'évolution de la situation depuis cette date, nous abandonnons la reprise de témoignages antérieurs à cette même date :
Céline (08 décembre 2009) :
Je suis à l'hôpital Avicenne. Ma première réquisition a eu lieu Jeudi dernier à Bobigny. Tout d'abord, je n'ai reçu aucune réquisition nominative, mon nom était nul part...Ensuite, il n'y avait pas d'infirmière, on m'a donc demandé d'encadrer et de former les étudiantes infirmières, ce que j'ai refusé. Heureusement, une infirmière est venue au dernier moment. Nous étions 4 médecins pour 2 box prévus et très peu de gens vaccinés. J'en suis à ma 3e réquisition en 6 jours, dont une Dimanche : 5h pour moins de 10 vaccinations.... Grâce aux renforts des internes de Paris, notre planning de réquisitions s'allège depuis le début de semaine.
Ma co-interne a reçu un appel Vendredi soir à 19h du bureau du personnel en lui signalant qu'elle était réquisitionnée le Samedi de 17h à 22h à Romainville, alors qu'elle était d'astreinte dans le service jusqu'à 18h30...
S. (12 décembre 2009) :
Il semble que je ne sois pas la seule à avoir été réquisitionnée la veille pour le lendemain !
Alors que je me préparais à partir en week end, 2 policiers ont sonné à ma porte pour"parler au docteur". Ils me tendent une réquisition pour le lendemain, 9h dimanche.
Je m'attendais à recevoir un coup de télélphone, un courrier mais pas à ce que la police vienne me chercher ! S'ils étaient passés 1h plus tard, je n'aurais pas été présente. Je n'aurais pas pu répondre à la réquisition. Cela aurait il pu me poser des problèmes avec la préfecture ? Celle-ci n'a t'elle pas d'autres moyens de communication disponible que d'envoyer 2 policiers ? La police n'a t'elle pas de rôle plus important à assurer que la distribution du courrier?
Mon week end est tombé à l'eau, mais ce que je trouve inadmissible est que l'on nous prévienne la veille. N'avons nous pas également le droit d'avoir une vie en dehors de l'hôpital? Le minimum que l'on puisse attendre, est que l'on nous prévienne à l'avance (au moins quelques jours).
NB : A propos d'intervention d'agents de police, nous rajoutons à ces 2 témoignages celui de cette jeune médecin généraliste exerçant comme médecin du travail :
V.B. (11 décembre 2009) :
J 'ai été réquisitionnée 3 fois en 5 jours.
Je tire de cet enseignement que le procédé est très violent
La réquisition apportée par deux gendarmes sur son lieu de travail est une première violence car elle ne tient aucun compte de votre personne ( vie privée, etc)
La deuxième violence est de devoir faire quelque chose contre votre conscience. Vacciner l'ensemble de la population ( mission de santé publique objet de la réquisition ) versus vacciner les individus en fonction d'une balance bénéfice/ risque( conclusion de la revue Prescrire de novembre).
Le pouvoir du faible docteur dans cette machine de guerre a été d'informer les citoyens venus se faire vacciner du but de ma réquisition mais aussi de mon avis de docteur. Nombreux sont repartis en demandant à réfléchir après mon entretien la balance bénéfice/ risque mais il n'y avait pas la queue, j'étais dans un box isolé,
j'avais la revue Prescrire a mes cotès... La plupart pensent courir un risque majeur pour eux-même alors que cette vaccination est proposée à l'ensemble de la population de façon altruiste.
Je me demande si cette organisation n'a pas été pensé pour que les décisions prises par les médecins soient sans aucun affect.
Cela me fait penser aux conseillers financiers des banques, qui changent régulièrement d'affectation pour avoir une promotion mais aussi pour pouvoir "conseiller" sans états d' âme sur les différents produits de la Banque.
Le pouvoir médical est fortement malmené et je crains que la confiance des patients ne diminuent avec notre participation forcée à cette mascarade.
J'ai oublié une autre violence . L'argent gaspillé et le système de santé désorganisée .
En effet, samedi après midi de 12H30 à 17h30 il y avait 15 fonctionnaires,4 pompiers, un médecin, trois élèves infirmiers, deux externes et un interne. Nous avons vu 40 personnes. A 300 mètres de là, les patients de l'hôpital font la queue aux urgences...
Témoignages d'IMG sur les réquisitions pour vacciner contre H1N1 (#5)
Publié le Mardi, 15 Décembre 2009, dans la catégorie Actualités
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