Sexisme dans le milieu médical : interview du collectif Héro·ïnes 95.



Sexisme dans le milieu médical : interview du collectif Héro·ïnes 95.

 

Dans le cadre de notre mois dédié à la lutte contre les discriminations en santé, nous avons décidé de réaliser une interview du collectif féministe Héro·ïnes 95 (@Heroines95)

 

Nous vous invitons à lire leurs réponses.

 

1. Héroïnes 95 est un collectif féministe qui milite beaucoup contre le sexisme dans le milieu médical, pouvez-vous en dire plus sur vos actions ?

 

Nos actions tournent principalement autour de rencontres, actions de solidarité, happenings, collages féministes, et de publications sur les réseaux sociaux (@heroines95).

Notre motivation : lutter contre toutes les discriminations, dont celles faites aux femmes et aux minorités de genre : violences sexistes et sexuelles, racisme, validisme, grossophobie, classisme, LGBTQIA+phobies, etc.

 

2. Sous quelles formes peut se manifester le sexisme dans le milieu médical ?

 

Le sexisme dans le milieu médical apparaît, comme dans la société, à tous les niveaux : dans la formation des soignant·es, dans les inégalités salariales, dans les différences de traitements selon le genre (que le genre soit supposé ou réel) (ex : courbe du poids, erreurs de diagnostic, psychiatrisation des femmes, hypersexualisation, injonctions à la maternité, etc.), dans la prévention (ex : crise cardiaque plus fréquemment dépistée chez les hommes, contraception, autisme, etc.), dans la réception de la parole, dans la recherche scientifique, etc. Il faudrait des jours et des jours pour lister toutes les manifestations possibles de ce sexisme.

 

 3. Il y a eu ces derniers temps, plusieurs "affaires" médiatisées de violences sexistes et sexuelles en consultation, des gestes non consentis, les touchers vaginaux sans consentement, etc. Ces affaires, extrêmement choquantes, sont pourtant peu rares.

 Que pourriez-vous nous dire sur ces sujets ? Quelles sont vos revendications pour permettre d'améliorer la prise en charge des patientes contre le sexisme en santé ? Et notamment dans la formation des futur·es soignant·es ?

 

La libération de la parole a été encouragée grâce à des associations comme CFCV, StopVOG, et de nombreuses autres et aux appels à témoins qui ont permis aux victimes de se réunir. L’investissement massif des réseaux sociaux pendant le confinement a aussi certainement aidé. Pourtant, il y a toujours un décalage énorme entre tous les témoignages que nous recevons en privé et le nombre de personnes qui témoignent publiquement et qui se lancent dans une procédure. Nous sommes persuadé·es que l’union fait la force, d’autant plus pour ce genre d’affaires où il sera compliqué de prouver les actes inappropriés et où les accusé·es jouissent non seulement d’une certaine aura dans le milieu médical mais aussi d’un statut de notable qui leur apporte toutes sortes de privilèges.

 

Concernant nos revendications, tout d'abord, nous souhaitons la dissolution de l'ordre des médecins.

Les programmes de formations en médecine sont également à revoir, avec notamment des formations dans l'écoute des victimes de violences et des formations régulières obligatoires pour la remise à niveau des connaissances et des pratiques pour une meilleure prise en charge, et écoute des patient·es.

La présence quotidienne de médecin·es dans les établissements scolaires serait également nécessaire, ainsi que plus d’investissements financiers et humains dans la médecine scolaire. Des formations à la santé doivent être organisées dès l'école : primaire, collège, lycée.

L’accès à l’information et aux soins doit être disponible pour toustes via, notamment des campagnes publiques de prévention régulières sur différents sujets (ex : le consentement, la contraception, les IST/MST, les impacts du validisme, du racisme, du classisme, etc.), et ces campagnes doivent prendre la même ampleur que celle liée au Covid pour s’assurer que tout le monde ait les infos.

La recherche doit se mener via des protocoles de tests égalitaires entre femmes et hommes. Par ailleurs, une meilleure prise en charge des traitements doit être établie, avec la reconnaissance de l’endométriose, par exemple, et de l’arrêt naturel de la grossesse qui devrait donner droit à des soins et à une prise en charge adaptée.

Le choix des soignant·es devrait toujours être possible et non discuté.

Il faudrait enfin faciliter les recours quand il y a maltraitance et/ou des erreurs médicales afin d'aider les victimes dans leurs démarches.

 

4. Quelles sont les conséquences de ce sexisme sur la prise en charge des patient·es ? Et donc sur leur santé ?

 

Il existe de nombreuses conséquences du sexisme sur la prise en charge médicale. Les maltraitances médicales entraînent des traumatismes et, le refus ou la peur de consulter et/ou de se soigner. Cela risque d'entraîner un retard dans les diagnostics et la prise en charge.

Le sexisme représente aussi un facteur entrant en jeu dans les erreurs de diagnostics (pas uniquement le sexisme, mais aussi le racisme, le validisme, le classisme, les LGBTQIAphobies, etc.).

 

5. Vous avez publié une tribune sur le #MeTooGHB, avec entre autre la nécessité d'une formation des professionnel·les de santé pour la prise en charge des victimes de violences sexistes et sexuelles. De façon générale, la formation pour l'accompagnement des personnes victimes de violences est très succincte voire inexistante.

Quelles sont les mesures concrètes que vous souhaiteriez pour la formation des soignant·es?

Pouvez-vous donner quelques éléments de conduite à tenir face à une personne victime de violences sexistes et sexuelles qui consulte aux urgences pour un bon accompagnement ?

 

La priorité, c’est de croire les personnes quand elles disent que quelque chose ne va pas et qu’elles souhaitent des tests. Concernant la formation pour les services d'urgence, il serait nécessaire d'avoir dans chaque équipe une personne référente formée à la prise en charge des victimes de violences sexistes et sexuelles.

Il faut également informer toustes les soignant·es sur la soumission chimique, et sur les prélèvements à réaliser, ainsi que sur les protocoles à respecter de façon générale pour mieux accompagner les victimes.

Les urgentistes devraient également être formé·es à l’écoute empathique (ex : communication non violente) et informé·es des numéros d'aide à transmettre, des associations qui peuvent venir en aide aux victimes.

De façon plus générale, il y aurait également un bénéfice pour tout le monde, en termes de violences sexistes et sexuelles, à une augmentation des effectifs, et des moyens pour les hôpitaux.

 

 

6) Auriez-vous des ouvrages, podcasts, à conseiller aux soignant·es qui

s'intéresseraient à ce sujet ?

 

Tout ouvrage, article, podcast, vidéo…qui permet de déconstruire les stéréotypes et de lutter contre toutes les formes de discrimination serait utile. Il est difficile d’en faire une sélection, tant il y en a. On pourrait commencer par l’écoute et recommander de lire des témoignages en suivant des comptes d’autres personnes et associations sensibilisant au validisme, au racisme, à la grossophobie, à la transphobie :

@licegateaux

https://www.instagram.com/licegateaux/

 

@andy_in_the_city

https://www.instagram.com/andy_in_the_city/

 

@camillethemermaid

https://www.instagram.com/camillethemermaid/

 

@hcommehandipocast (podcasts)

https://www.instagram.com/hcommehandipodcast/?hl=fr

 

@mulakoze

https://www.instagram.com/mulakoze/

 

@raplapla_et_porte_voix

https://www.instagram.com/raplapla_et_porte_voix/

Ressources : https://linktr.ee/Raplaplaetportevoix

 

@elisaamaranta (à suivre aussi sur Twitter)

https://www.instagram.com/elisaamaranta/

 

@graspolitique (association)

https://www.instagram.com/graspolitique/

Plein de ressources sur leur site : https://graspolitique.wordpress.com/

 

@stopgrossophobie (et son livre : « T’as un joli visage », Kiwi, 2022)

https://www.instagram.com/stopgrossophobie/

 

@aggressively_trans (et son livre : « Une histoire de genres », Marabout, 2021)

https://www.instagram.com/aggressively_trans/

 

@xymedia (média transféministe audiovisuel)

https://www.instagram.com/xymediafr/

 

@stop_asiaphobie

https://www.instagram.com/stop_asiaphobie/

 

@asiattitudes (podcasts et articles)

https://www.instagram.com/asiattitudes/

 

@tetonsmarrons

https://www.instagram.com/tetonsmarrons/

Dont https://tetonsmarrons.com/2020/01/18/racisme-dans-le-milieu-hospitalier/

 

@decolonisonsnous (podcasts)

https://www.instagram.com/decolonisonsnous/

Dont : http://www.slate.fr/story/191766/universalisme-antiracisme-republique-france-histoire-coloniale

 

@tantquejeserainoire (podcasts et aussi @tantquejeseraiathlete)

https://www.instagram.com/tantquejeserainoire/

https://www.instagram.com/tantquejeseraiathlete/

 

@assolallab

https://www.instagram.com/assolallab/

 

@recoudreca (et son livre : « Comment est-ce qu’on va recoudre ça ? – Halte aux violences à l’accouchement ! », Flammarion, 2022)

https://www.instagram.com/recoudreca/?hl=fr

 

@stopvogfr (association : Stop aux violences obstétricales et gynécologiques)

https://www.instagram.com/stopvogfr/?hl=fr

 

@lesdevalideuses

https://www.instagram.com/lesdevalideuses/

 

@espacesantetrans (association en Ile-de-France)

https://www.instagram.com/espacesantetrans/

 

Facebook :

@pourunemeuf

https://www.facebook.com/pourunemeuf

@gynandco

https://www.facebook.com/gynandco.be

 

Concernant les livres, voici une de nos storys Instagram avec de nombreuses références.

 

https://www.instagram.com/s/aGlnaGxpZ2h0OjE3OTAwMzU4Mzg4NTcxMTk0?story_media_id=2408930485293073243_27952817413&utm_medium=copy_link

@cri_du_corps et  @marine.mom.kreol

Mais il y en aurait tellement d’autres, c’est toujours triste et angoissant de ne pas pouvoir citer tout le monde…