Santé et guerre : des bombardements à l'effondrement des systèmes de santé
En plus des mort·es et blessé·es sur le front, les guerres modernes conduisent à la destruction de nombreux bâtiments, et à un grand nombre de victimes civiles. Au risque d'enfoncer des portes ouvertes, il parait nécessaire de rappeler que lors d'un tel conflit, les infrastructures sont rarement laissées indemnes : bien que ce soit considéré comme un crime de guerre, écoles, universités, hôpitaux, etc. se retrouvent très souvent détruits. Ces derniers jours, cette "banalité" de la guerre nous est rappelée régulièrement par la guerre en Ukraine, très médiatisée. Nombreux sont les tweets et photographies recensant les destructions de lieux de soins.
Cette carte d'Amnesty International recense les crimes de guerre de ces derniers jours en Ukraine : https://twitter.com/amnestyfrance/status/1498719300689006597
La destruction est un premier impact de la guerre : il est maintenant devenu banal pour les hôpitaux ukrainiens de devoir officier en souterrain afin de garantir la sécurité (toute relative) des patient·es. On imagine aisément la dégradation de la qualité des soins que tout ceci engendre.
Cet article illustre la destruction des bâtiments médicaux en Ukraine :
En plus de ces impacts immédiats, un conflit provoque également un manque de médicaments et de matériel. Non seulement les hôpitaux sont victimes de destruction, mais les systèmes de santé locaux aussi, laissant ainsi les soins aux mains des seules ONG présentes sur place.
https://twitter.com/antonioguterres/status/1498703073606348809?t=YQVms0R1KQSlM-pEbD-0fQ&s=19
https://twitter.com/WHO_Europe/status/1497945584061366276?t=1y56pH-hBrVjqhGgHx6R7A&s=19
Ces conflits provoquent de multiples conséquences sur la santé des populations : famine, épidémies, augmentation de la mortalité notamment maternelle et infantile. Il est très facile de voir ces conséquences terribles en observant le Yémen, ou le conflit s'éternise depuis 2014, le Cameroun, l'Afghanistan, la Somalie ou encore la Syrie ou le Nigeria. Elles commencent déjà à devenir un problème en Ukraine, bien que le conflit armé soit autrement plus récent.
A titre d'exemple, au Yémen, il ne reste presque plus rien ni personne à part Médecins sans Frontières et la Croix Rouge. En Ukraine, 35 % du système de santé est déjà détruit.
https://twitter.com/MSF_france/status/1499076583000322052?t=Sm1xm3pk-dNOBJbjmT8s7A&s=19
Comme le dit MSF ici concernant le Yémen : "La destruction des structures de santé et les pénuries de personnel médical qualifié, de médicaments ou de matériel médical ont contribué à l'effondrement du système de santé."
https://www.msf.ch/nos-actions/pays/yemen
Ces guerres sont la source d'inévitables déplacements de populations. Ces réfugié·es, fuyant leur pays bombardé, se trouvent contraints à trouver une terre d'accueil. Ainsi commence un long parcours du combattant, rempli d'obstacles et d'insécurité.
Iels doivent se confronter aux violences et au rejet de certains pays d'accueil. On estimé à 82 millions de réfugié-es dans le monde aujourd'hui. Parmi elleux, notamment 6 millions de Syriens, 2 millions du Sud Soudan. et déjà plus d'un million de réfugié·es ont fui l'Ukraine en moins de deux semaines. Actuellement, la France ouvre des droits aux soins aux réfugié-es ukrainien-nes mais quand est-il des autres réfugiés pour qui ces droits n'ont pas toujours été ouverts aussi rapidement ?
La situation, très peu médiatisée, est dramatique dans des pays tels que le Yémen, le Burkina Faso, le Tchad, le Mali, le Cameroun ou le Nigeria :
https://www.instagram.com/p/CawegKzDRIc/?utm_source=ig_web_copy_link
https://twitter.com/WHO/status/1499664687599865859?t=dBz8KfdRMYxbwyDy8Wbwag&s=19
Citons seulement quelques exemples parmi tant d'autres.
Au Yémen, des millions de yéménites sont dénutris. La famine y est installée depuis plusieurs années.
https://www.oxfam.org/fr/conflit-au-yemen-la-famine-menace-des-millions-de-personnes
https://www.unicef.fr/article/yemen-la-famine-menace-la-vie-de-millions-d-enfants?amp
Toujours au Yémen, en avril 2021, il y avait plus de 5 000 cas de choléra avec plusieurs décès.
https://reliefweb.int/report/yemen/cholera-situation-yemen-april-2021
Aujourd'hui, les ONG, derniers acteurs de la santé présents sur les territoires déchirés par la guerre, dépendent presque entièrement de la charité : les dons et les bénévoles sont quasiment la seule source d'aide sanitaire pour l'envoi de médicaments et pour fournir des soins aux populations. Ces guerres entraînent irrémédiablement une précarisation des sociétés, ainsi qu'une pénurie des ressources alimentaires, d'eau potable, de ressources énergétiques, entraînant ainsi famine, épidémie, manque de tout, dont les médicaments les plus élémentaires. Cet ensemble d'effets fragilise encore plus les pays concernés face à d'autres menaces vouées à empirer la situation : changement climatique, désertification, pauvreté sont encore aggravés par les conséquences des conflits armés.
Il parait indispensable de créer un organisme mondial de la santé résultant des efforts communs des différents gouvernements et instances internationales avec une stratégie commune pour fournir des soins adaptés en fonction des besoins. La propos du président Indoniesien de janvier 2022 doivent être étudiés et sont peut être l'occasion d'un changement majeur a ce sujet. En effet, le 20 janvier 2022, l'Indonésie annonçait par la voix de son président Joko Widodo vouloir promouvoir au cours de sa présidence du G20 une nouvelle agence mondiale concernant le système de santé mondial « La présidence indonésienne se battra pour renforcer l’architecture de santé mondiale, qui sera gérée par une agence internationale (…) dont la tâche sera de mobiliser des ressources mondiales dans le secteur de la santé, notamment pour financer les situations d’urgence sanitaire, acheter des vaccins, des médicaments et de l’équipement médical », rajoutant que l’OMS « n’a pas eu la capacité de couvrir de nombreux aspects stratégiques pour le monde » depuis le début de la pandémie.
Il est du devoir de nos gouvernements de ne plus laisser les ONG seules face à ces catastrophes sanitaires et humanitaires,
Nous ne devons plus accepter de laisser perdurer de telles inégalités de santé dans le monde. L'aide aux pays en guerre ne doit plus tenir uniquement sur la charité.
https://twitter.com/antonioguterres/status/1499197723811229703
Nous devons agir pour la mise en place d'une agence mondiale forte en matière de santé, ayant les moyens et les pouvoirs d'agir et de lutter contre ces situations, contre les inégalités de santé dans le monde, pour l'accès aux soins pour toustes.
Le SNJMG
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