Epidémie de bronchiolites

Reprise annuelle et actualisée d'une fiche d'information publiée initialement en 2012.

NB : Cette année est une année particulière car en raison des mesures de prévention, l'épidémie a longtemps tardé à se manifester et elle ne le fait qu'en ce début de Février 2021, en commençant par Ile de France, avant de se répendre sur tout le territoire national entre fin Mars et début Avril 2021.

 

Présentation 

(Sources : Ministere de la Santé, Haute Autorité de Santé, INPES, Revue Prescrire, RSVnet, BMJ, Société canadienne de Pédiatrie, Cochrane Collaboration)

 

  • Epidémiologie :

La bronchiolite est une maladie virale des voies respiratoires supérieures et inférieures qui touche principalement les enfants avant l’âge de 2 ans. Jusqu'en 2020, chaque hiver, près de 30 % des enfants de moins de 2 ans sont affectés par la bronchiolite, soit environ 480 000 cas par an. 2 à 3% des nourrissons de moins de 1 an seraient hospitalisés pour une bronchiolite plus sévère chaque année. Les décès imputables à la bronchiolite aiguë sont très rares (inférieurs à 1 %).

Le virus respiratoire syncytial (VRS) responsable de la bronchiolite est un virus très commun : 99% des enfants ont déjà contracté au moins une infection causée par ce virus à l’âge de deux ans, généralement sans trop de gravité puisque le plus souvent ce sont uniquement les voies respiratoires supérieures qui sont touchées.

La bronchiolite se manifeste le plus fréquemment sous forme d’épidémie saisonnière. L’épidémie débute généralement à la mi-octobre, pour atteindre un pic en décembre et se termine à la fin de l’hiver.

 

  • Diagnostic :

Après une période d'incubation (entre l'infection et l’apparition des symptômes) de 4 à 5 jours, la bronchiolite débute par une rhinite ou rhinopharyngite banale qui précède de 2 à 3 jours l’apparition d’une toux sèche, quinteuse, avec polypnée, signes de lutte et wheezing (sifflement). L’importance des signes de lutte et de la polypnée, ainsi que la tolérance des symptômes (sur le plan digestif et respiratoire) sont des indices de gravité.

Dans la très grande majorité des cas, la bronchiolite évolue spontanément vers la guérison en quelques jours. Toutefois, les parents doivent être informés que la toux peut se maintenir au delà de 6 semaines après l'épisode aigu.

Le diagnostic de bronchiolite repose d’abord sur l’anamnèse de la maladie et sur les résultats de l’examen physique. En général, les examens de laboratoire sont inutiles.

 

NB : Bronchiolite ou asthme du nourrisson ?

Une dyspnée sifflante chez un nourrisson de plus de 12 mois est un asthme du nourrisson

Un premier épisode de dyspnée sifflante chez un nourrisson de moins de 12 mois est une bronchiolite

Un deuxième épisode de dyspnée sifflante chez un nourrisson de moins de 12 mois sans atopie personnelle ou familiale est une bronchiolite

Un deuxième épisode de dyspnée sifflante chez un nourrisson de moins de 12 mois avec atopie personnelle ou familiale est un asthme du nourrisson

Un troisième épisode de dyspnée sifflante chez un nourrisson de moins de 12 mois est un asthme du nourrisson

 

  • Traitement :

En curatif, il est très important d’assurer une bonne hydratation des nourrissons pour faciliter la fluidité des sécrétions. 

Par ailleurs, il est recommandé de dispenser aux parents ces conseils simples :
• Lorsque votre enfant est réveillé, gardez-le assis pour quʼil respire mieux,
• Lorsque vous le couchez, gardez la tête de lit surélevée de 30°,
• Ne chauffez pas trop votre intérieur (température idéale 19°C). 
• Lavez son nez au sérum physiologique avant chaque biberon et avant chaque coucher,
• Fractionnez les prises alimentaires,
• Traitez la fièvre par du paracétamol.

Le traitement médicamenteux a peu de place dans la prise en charge de la bronchiolite aiguë :

- Les bronchodilatateurs, l’adrénaline ou le sérum salé hypertonique n’ont pas d’indication dans cette maladie. 

- Les traitements anti-reflux, les immunoglobulines ou le surfactant ne sont pas recommandés.

- Les fluidifiants bronchiques et médicaments antitussifs sont contre indiqués.

- Les antibiotiques ne sont pas indiqués dans un premier temps (Rappel : la bronchiolite est d’origine virale) ; L’antibiothérapie n'est envisagée que secondairement en cas de surinfection.

Dans une petite minorité de cas (au maximum 1 cas sur 10), la bronchiolite impose l’hospitalisation, afin de pouvoir surveiller la fonction respiratoire et, éventuellement, de mettre en œuvre des soins de soutien incluant une alimentation assistée, une manipulation minimale, l’aspiration nasale et l’oxygénothérapie.

Signes suspects :

• enfant de plus en plus fatigué et/ou beaucoup moins tonique,
• aggravation de la gêne respiratoire ou apparition d'apnées ou de cyanose,
• refus de prendre plusieurs biberons à la suite, 
• absence d'urine pendant plus de 12 heures, 
• perte de poids si les signes durent plusieurs jours.

NB sur les facteurs associés à un risque d'épisode sévère élevé : 

• prématurité inférieure à 32SA, 
• age inférieur à 3 mois, 
• cardiopathie congénitale ou affection pulmonaire chronique
• les troubles neuromusculaires, et l'immunodépression.

Pour en savoir plus : Prise en charge et évaluation - Fiche outil (HAS, Novembre 2019)

 

NB : Très longtemps, la France a fait exception dans la prise en charge de la bronchiolite avec le recours quasi systématique à la kinésithérapie (Références indépendantes internationales : Cochrane review de 2005, mise à jour en 2007, 2012 et 2015, puis en 2016 et en 2018). Une recommandation de la HAS publiée le 14 novembre 2019 devrait faire rentrer la France dans le rang des autres pays européens et anglo saxons :

 

La prévention repose sur les mesures d’hygiène :

- lavage des mains à l’eau et au savon pendant 30 secondes de toute personne qui approche le nourrisson,

- aération de la chambre tous les jours au moins dix minutes,

- nettoyage régulier des objets avec lesquels le nourrisson est en contact (jeux, tétines..),

- éviter d’embrasser les enfants sur le visage (et en dissuader les frères et soeurs fréquentant une collectivité),

- éviter impérativement le contact avec les personnes enrhumées (port de masque chirurgical voire éviction) et les lieux enfumés, 

éviter autant que possible les lieux publics très fréquentés (centres commerciaux, transports en commun, hôpitaux..).

 

Documentation 

  • A l'usage des familles :

La bronchiolite : comment limiter les risques de transmission ? que faire si mon enfant est malade ? mon enfant doit il aller à l'hôpital (Santé Publique France, Novembre 2017)

Premier épisode de bronchiolite aigue : Conseils aux parents - Fiche outil (HAS, Novembre 2019)

 

  • A destination des professionnels de santé :

La bronchiolite : recommandations pour le diagnostic, la surveillance et la prise en charge des enfants de un à 24 mois (Source : SCP 2014)

Bronchiolitis in children: summary of NICE guidance (Source : BMJ, Mai 2015)

Inutilité des Bêta2-agonistes à courte durée d'action pour le traitement de la respiration sifflante récurrente chez l'enfant de moins de deux ans (Source : Résumé Cochrane 2009)

 

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