ECN 2020 : Présentation de la Médecine Générale

 

Depuis fort longtemps et malgré de nombreux progres ces 20 dernières années, la Médecine Générale souffre d'un mauvaise visibilité auprès des étudiants voire d'une mauvaise image (ex : les erreurs des MG qui faut corriger dans les DP).

Ci dessous, le SNJMG propose aux étudiants qui passent les ECN, un mini dossier sur la Médecine Générale. Ce mini dossier, offrant une vision d'ensemble de la discipline, est complété par des focus sur différentes facettes/particularités d'exercice. Si cette vision d'ensemble est proposée en accès libre en format 1.0 sous une forme de billet de blog, le SNJMG propose les compléments d'info sous une forme interactive 2.0 aux étudiants qui s'inscrivent à notre hotline ECN 2020 auprès de notre secrétariat.

 

LA SPECIALITE DE MG

 

 

Le médecin généraliste est classiquement présenté comme le médecin de premier recours, assurant la permanence et la continuité des soins. Il est bien souvent le médecin traitant des patients dans le cadre du parcours de soins défini par l'Assurance Maladie car il est, par nature, le référent santé de toute personne, quelle que soit son âge, son sexe, sa/ses pathologie(s) ou son absence de pathologie. C'est le médecin qui prend en compte son patient dans sa globalité et qui est en interaction avec l'ensemble des autres professionnels médicaux, para médicaux et médico sociaux intervenant auprès du patient.

 

Après cette introduction, nous pourrions enchainer avec une présentation académique de la discipline, mais nous préférons vous renvoyer à la documentation donnée en fin de paragraphe et surtout vous proposer, avec leur autorisation, des témoignages forcéments personnels (écrits ou videos) de quelques médecins généralistes et d'internes de Médecine Générale (il s'agit d'Aviscene, IMG de la promo 2017, et de Dr Mus, IMG de la promo 2018, dont les videos sont présentées sur la page d'accueil de notre site) :

 

 

Extrait d'une tribune de Marc Zaffran/Martin Winckler (2009) :

"Il y a quelques années, une amie – médecin généraliste – et moi-même avons souhaité écrire un petit ouvrage qui s’intitulerait Qu’est-ce qu’un médecin généraliste ? Ce livre n’a pas encore été écrit, mais il le sera un jour. Si je me souviens bien, nous avions adopté la définition suivante du médecin généraliste : c’est un individu, homme ou femme, formé pour exercer la médecine, et qui choisit volontairement, par affinité élective de longue date ou acquise durant ses études, d’exercer la médecine générale. Devenir médecin généraliste est donc, en principe, un choix.  L’exercice de la médecine générale implique de vivre au milieu de la population pour y assurer les soins de premier recours. Le médecin généraliste est un professionnel de santé qui a reçu une formation scientifique. Cette dernière lui permet d’appréhender la demande de soins dans sa globalité, biomédicale, psychoaffective, socioéconomique et symbolique. Si le médecin généraliste connaît et peut identifier les maladies, c’est parce qu’il connaît la diversité infinie des situations qui ne sont pas des maladies. Pour lui, le patient constitue la seule norme. En effet, le patient lui indique le caractère normal, anormal, pénible ou inhabituel de ce qu’il ressent.  Un médecin généraliste n’est pas un donneur de leçons. C’est un soignant. Ses devises sont « ne pas nuire », « partager le savoir » et « accompagner sans juger ». Le seul objectif d’un médecin généraliste est de faciliter la vie de la population et de s’efforcer d’alléger le poids inhérent aux problèmes de santé collectifs et individuels. L’idéal d’un médecin généraliste n’est pas de diagnostiquer des maladies, mais de faire en sorte que la santé générale d’une population soit la meilleure possible. Ainsi, l’information, l’éducation et la lutte contre les préjugés permettent d’atteindre cet idéal. Autrement dit, il s’agit moins de dépister et de diagnostiquer les maladies que de s’assurer que les individus bien-portants le restent le plus longtemps possible."

 

 

Extrait du blog de Jean Claude Grange (08.04.2010) : 

"QU'EST-CE QUE LA MEDECINE GENERALE ? C'est tout ce que l'on ne trouve pas dans les consultations de spécialité. C'est tout ce que l'on ne trouve pas dans les consultations de ville de spécialistes. C'est tout ce que l'on ne trouve pas dans les consultations institutionnelles de spécialité. Et, malheureusement, c'est tout ce que l'on ne trouve pas dans les publications médicales à de rares exceptions près. La médecine générale, c'est la vie : avec une pointe de médecine ; avec une pointe de santé publique ; avec une pointe de connaissance du milieu ; avec une pointe de familiarité avec les patients ; avec une pointe d'empathie ; avec une pointe de sympathie ; avec une pointe d'antipathie. Et merdre pour les discours convenus sur l'attitude que doit observer le médecin dans sa relation avec son patient. Les gens qui disent cela ne voient pas de vrais malades, non au sens diagnostique mais au sens humain du terme. Nos consultations de médecine générale sont, effectivement et parfois, peu structurées, sont, effectivement et parfois, peu techniques ; sont, effectivement et parfois, bon enfant... Et alors ? (...) Je reçois des individus, des patients, des malades, des faux patients, de vrais malades, ou l'inverse, mais je ne suis pas un faiseur d'ECG, un faiseur de frottis, un faiseur de biopsies cutanées, un faiseur de radiologies, et ad libitum. Je laisse cela aux techniciens. Je suis un intellectuel, je réfléchis non seulement à la valeur des choses mais à la valeur qu'il faut leur donner en fonction du patient que j'ai devant moi, dont, généralement, je connais la femme, les enfants ou les parents ou les cousins ou les belles-soeurs et dont, souvent, je connais l'intérieur de la maison. Je fais de la médecine totale sans avoir besoin de faire MOI-MEME des actes que je pourrai coter pour faire du chiffre. Je suis un intellectuel, je fais de la médecine intellectuelle sans faire trop de médecine manuelle et ainsi je sais lire une radiographie, je sais lire un ECG, je sais lire une prise de sang (tiens, ne sont-ce pas des médecins spécialisés en biologie qui les font ?). Je fais de la médecine intellectuelle car je connais un peu la littérature médicale et que je sais combien il est difficile de l'appliquer à des vrais patients qui n'ont pas participé à un essai clinique. Mais je sais aussi que sans ces essais cliniques il n'y a pas de médecine générale. Je sais que la médecine générale c'est l'école de l'humilité, c'est la pratique de l'humilité, pas de triomphalisme, seulement de la distance, non de la distance à l'égard des patients, car, comme le dit mon ami DB qui se reconnaîtra, cette distance elle se prend inconsciemment, non, de la distance à l'égard de soi-même, c'est cela, de l'humilité, nous ne sommes qu'un chaînon, le chaînon manquant dans cette société de fous, le chaînon manquant entre les patients et la complexité de la médecine. Car notre métier, mais pas seulement celui de médecin généraliste, est un métier de chien, un métier éprouvant, la médecine est comme cela, compliquée, difficile, pleine de hasards, de faux semblants, de pièges et nous devons lutter contre notre propre arrogance, la fameuse arrogance médicale décrite dans la littérature, la vraie, par les grands auteurs, depuis Molière jusqu'à Bernard Shaw en passant par Susan Sontag... C'est cela, la médecine générale, c'est cela aussi : prendre en compte les patients, nous poser des questions en demandant l'avis, non pas l'avis médical, mais l'avis des patients sur leur santé et sur leur vie. Ne pas décider pour eux." 

 

 

Billets de blog abordant indirectement la définition de la Médecine Générale et le rôle du médecin généraliste :

Demandez vous de Jaddo (21.09.15)

Hibernatus de Jean Baptiste Blanc (24.01.16)

#TeamBisounourse : la MG c’est la vie de Farfadoc (30.08.18)

 

 

Documentation sur la discipline :

 

La médecine générale vue par les médecins généralistes libéraux (Revue francaise des affaires sociales 2011 - France)

La place et le rôle de la médecine générale dans le système de santé (Rapport Druais de Mars 2015 - France)

- Médecine Générale : Mieux comprendre l’incertitude en médecine pour former les médecins (Pedagogie-medicale.org 2020 - Baptiste Motte1, Grégory Aiguier, Dominique Van Pee et Jean Philippe Cobbaut - France)

So, you want to be a GP ? (RCGP — UK)

Me, i’m just a GP… ( Huffpost — UK)

The Path To Primary Care : Who Will Be The Next Generation Of Frontline Doctors ? (New England Public Radio — USA)

Why i’m becoming a primary care doctor (The Atlantic — USA)

They call it “primary” care because it comes first — and it should (Health populi — USA)

 

 

 

Je suis David Saint-Jacques, je suis médecin de famille. from FMEQ on Vimeo.