Le 24 janvier 2019, les partenaires conventionnels ouvrent un cycle de négociation en vue d'un avenant encadrant la création de 4000 assistants médicaux, conformément aux annonces gouvernementales du plan Santé 2022.
Dans sa lettre de cadrage en vue de ces négociations, la ministre de la Santé a précisé les différentes conditions demandées aux médecins pour qu'ils bénéficient d'une aide à l'embauche d'assistants médicaux : « l'exercice en cabinet de groupe, l'inscription dans un exercice coordonné, l'engagement d'un bénéfice mesurable pour la population en matière d'accès aux soins et l'exercice médical en secteur 1 ou OPTAM ». Mme Agnès Buzyn a également estimé nécessaire que l'aide financière soit « dégressive (car) ayant vocation à être compensée par l’accroissement de la file active des médecins » (NB : une limitation dans le temps avait été auparavant évoquée : 2 ans).
Ces conditions ne conviennent pas au Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes (SNJMG) :
Il est très surprenant qu'il n'y ait aucune condition explicite sur le lieu d'installation pour une mesure censée participer à la résolution des problèmes de démographie médicale. D'autant plus que le gouvernement n'annonce, pour l'instant, que la création de 4000 assistants, soit environ 1 assistant pour 25 médecins libéraux : s'il doit y en avoir aussi peu, autant privilégier les médecins exerçant dans les zones les plus déficitaires...
Il est particulièrement troublant que les médecins en exercice isolé - théoriquement les plus intéressés par toute aide à leur exercice - en soient exclu. Et ce n'est pas la petite ouverture faite par l'Assurance Maladie (1) qui modifie significativement le projet gouvernemental...
Par ailleurs, comment justifier la dégressivité et la durée limitée d'une mesure censée renforcer la pérennité d'une activité médicale ?
La réponse à ces questionnements se trouve peut être dans le profil de ces assistants médicaux. Alors que le SNJMG avait plaidé pour une variété de métiers correspondant à des formations précises et reconnues et à des missions clairement définies permettant aux médecins de mieux répondre à la prise en charge médico sociale des patients (2), le gouvernement propose des "petites mains" pouvant aussi bien collecter des données cliniques, gérer du matériel médical, effectuer un travail de secrétariat...
L'objectif du gouvernement semble bien explicité par l'Assurance Maladie qu'il a chargé de négocier avec les syndicats médicaux : la mesure doit permettre aux médecins d' « augmenter leur patientèle », en générant un « volume d'actes supplémentaires (par rapport à l'historique) » et en procédant à « l'élargissement des horaires de consultation », notamment en première partie de soirée et en fin de semaine.
Pour résumer, les médecins, et notamment les jeunes médecins généralistes du SNJMG, demandent de mieux travailler en interaction avec différents professionnels, sociaux ou de santé, et de privilégier les médecins en zones déficitaires (notamment ceux en exercice isolé) mais l'Assurance Maladie, à la demande du gouvernement, propose à quelques cabinets de groupe, des "petits boulots" (sous forme de contrats aidés en CDD) destinés à pousser les médecins à travailler plus...
Le SNJMG dont l'une des missions fondatrices est de lutter contre la course à l'acte et qui s'est positionné contre les "bullshits jobs" (emplois précaires non valorisés) rejette le projet d'assistants médicaux tel qu'il est annoncé par le gouvernement et l'Assurance Maladie.
Contact presse : Sayaka Oguchi
(1) : L’UNCAM propose que dans les zones sous-denses, les généralistes ou spécialistes « en exercice isolé » puissent aussi bénéficier de ces recrutements d'assistants médicaux « sous réserve qu'ils s'engagent à adhérer à horizon proche (2 ans) à un dispositif d'exercice coordonné (avec remboursement si l'obligation n'est pas respectée ».
(2) : cf notre communiqué de presse sur le plan santé 2022
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