Mercredi soir, le Premier Ministre, Mr Bernard Cazeneuve, a remis la démission de son gouvernement à l'actuel Président de la République, Mr François Hollande.
Mme Touraine quitte donc le ministère de la Santé (où elle est restée en place tout le quinquennat) avec un bilan qui semble à première vue assez flatteur :
- Suppression des franchises médicales pour les patients bénéficiaires de l'ACS (Aide à la Complémentaire de Santé)
- Limitation des dépassements d'honoraires
- Renforcement du cadre réglementaire sur les liens d'intérêt en Santé
- Amélioration statutaires concernant les internes de médecine (dont la réduction du temps de travail de 11 à 10 demi journées par semaine)
- Réforme du 3e cycle des études médicales
- Recrutement d'enseignants en Médecine Générale
- Début de solution réglementaire au problème des médecins "privés de thèse"
- Premier plan national coordonné concernant la démographie médicale
- Amélioration de la couverture maternité des femmes médecins
- Concertation citoyenne sur des questions de santé publique
Autant de mesures dont le Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes (SNJMG) devrait être l'un des premiers à se réjouir puisqu'elles font partie depuis longtemps de ses propositions en matière de Santé. Cependant, toutes ces avancées relèvent plus de concessions de la part de la ministre que d'une réelle volonté politique.
Le SNJMG rappelle ainsi que la ministre n'a concédé la réduction du temps de travail des internes de médecine que sous la pression d'une mise en demeure de la commission européenne et que pour ce faire, elle a opté pour une solution bancale, tout en sabordant l'expérimentation de la garde du samedi matin. Quant aux améliorations statutaires, ce sont toutes des contreparties obtenues suite aux grèves des internes de 2012 et 2014 (menées par l'ISNI, la FNSIP, le SNIO et le SNJMG) et à la mobilisation des étudiants et internes en médecine dans le mouvement contre son projet de loi de Santé. Enfin, l'amélioration du recrutement des enseignants en Médecins Généralistes s'est souvent fait dans le cadre d'arrangements ponctuels et la réforme du 3e cycle est passée in extremis, sans régler toutes les zones d'ombre du projet retenu suite au rapport établi en 2010 par l’IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales) et l’IGAENR (Inspection Générale de l’Administration, de l’Education Nationale et de la Recherche).
Et tout le reste est à l'avenant :
- les franchises médicales n'ont été supprimées pour les bénéficiaires de l'ACS que pour permettre la mise en place rapide et sans encombre du tiers payant, les franchises médicales étant pérennisées pour les autres patients par cette même loi sur le tiers payant,
- le taux moyen des dépassements d'honoraires a été diminuée par l'avenant 8 à la convention médicale de 2011 - adoubé par la ministre de la Santé - grâce à un rabottage des dépassements les plus élevés et mais aussi par une augmentation du nombre de médecins autorisés à pratiquer des dépassements, ce qui ne résout pas le problème du reste à charge pour les patients qui se trouvent désormais moins bien remboursés par leur mutuelle en cas de dépassement,
- le plan "Demographie médicale" de décembre 2012 a été une déception par rapport aux ambitions annoncées, avec des mesures d'intérêt mineur voire des mesures "gadget" essentiellement destinées à produire des chiffres, puis, 3 ans plus tard, un deuxieme plan guère plus ambitieux si bien qu'en décembre 2016, le Premier Ministre, Mr Bernard Cazeneuve, annonçait de nouvelles mesures gouvernementales qui finalement ne sont pas venues. En marge de ce dossier, l'amélioration de la couverture maternité des femmes médecins n'a été qu'une maigre avancée concernant la protection sociale des médecins, obtenue suite à la mobilisation du monde médical contre la loi de Santé (et encore, la ministre de la santé a exclu les médecins remplaçants de cette amélioration sociale),
- la réglementation sur les liens d'intérêt est longtemps restée au point mort et aucun progrès substantiel n'aurait été obtenu sans l'engagement du Formindep, du Conseil de l'Ordre des médecins et du SNJMG. L’ambiguïté de la ministre à ce propos est restée flagrante, par exemple lorsqu'elle a décorée de la legion d'honneur les représentants de l'industrie pharmaceutique ou ses principaux relais dans le milieu hospitalo universitaire ou encore lorsqu'elle a décidé dernièrement de maintenir le remboursement des médicaments anti alzheimer.
- Les concertations citoyennes pour les questions de santé publique mises en place par la ministre ont connu des sorts assez malheureux : la concertation sur la vaccination a été organisée bien plus dans le but d'imposer un modèle que dans le but de répondre scientifiquement aux interrogations de la population alors que le travail impressionnant de la concertation sur le dépistage du cancer du sein par mammographie a été en grande partie écarté dans les décisions de la ministre sur la réforme de ce dépistage,
- Quant aux médecins "privés de thèse", la ministre est co responsable de la situation d'impasse dans laquelle ils se trouvent et, sans l'engagement du Conseil de l'Ordre des médecins et du SNJMG ni l'intervention ponctuelle d'autres syndicats médicaux (FMF, MG-France, SML), elle n'aurait pas concédée un début de solution réglementaire dont elle laisse la mise en oeuvre au prochain ministre de la Santé.
Si le SNJMG n'a pas à rougir d'avoir participé aux avancées que Mme Marisol Touraine peut revendiquer en quittant le ministère de la Santé, le SNJMG tient à rappeler qu'elles sont avant tout le fruit de la mobilisation de (jeunes) médecins (*). C'est pourquoi, le SNJMG lance un appel aux (jeunes) médecins à s'intéresser encore et toujours à la chose publique. De même, le SNJMG invite les futurs responsables gouvernementaux à la négociation avec les représentants des (jeunes) médecins.
Contact presse :
Emilie FRELAT - Présidente - 06 19 90 26 57- presidente@snjmg.org
(*) : Phrase modifiée car sa formulation dans le communiqué initialement diffusé ("S'il ne faut donc pas se plaindre des résultats obtenus pendant le quinquennat qui se termine, le SNJMG rappelle qu'ils sont avant tout le fruit de la mobilisation de (jeunes) médecins.") prétait à confusion.
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