Plan Santé 2022 : les jeunes médecins généralistes participeront à "l'engagement collectif" tout en restant vigilants sur les objectifs et les modalités de la réforme

Le SNJMG, syndicat indépendant des Jeunes Médecins Généralistes (internes, remplaçants et jeunes installés ou salariés en MG), qui a suivi tout le parcours de préparation du plan Santé 2022, entend exprimer les satisfactions mais aussi les interrogations et les critiques de ses mandants suite aux annonces faites ce matin par le Président de la République, Mr Emmanuel Macron.
 
Premier thème qui interpelle les jeunes médecins généralistes : les études médicales. Alors que ds'est mis en place l'année dernière une réforme (imparfaite) du 3e cycle des études médicales, les ministères concernés (Santé et Enseignement Supérieur) ont commencé à annoncer cet été les premières mesures d'une réforme du 2e cycle. Or voici que le plan Santé nous annonce une fin du numerus clausus pour la rentrée 2020 : plutôt que de réformer les études dans un ordre logique, le gouvernement assume de s'y prendre totalement à l'envers. Si le numerus clausus en soi ne veut plus dire grand-chose dans la France du 21 e siècle avec la reconnaissance mutuelle des diplômes européens et l'explosion de la demande de soins (du fait de la démographie de la population et de la médicalisation de la société), le SNJMG craint que les facultés de médecine n'aient ni les moyens ni la volonté de prendre en charge la totalité des promotions de premières années sur tout un cursus (NB : cette crainte est confirmée par la ministre de la Santé, ce jour même). C'est pourquoi le SNJMG restera vigilant concernant toute proposition de sélection dissimulée (saucissonnée en plusieurs examens différents étalés dans le temps) sur des critères plus ou moins aléatoires (différents d'une université à l'autre), ne pouvant que favoriser le marché d'officines privées de préparation parallèle aux études et, au final, amplifier la reproduction sociale. 

Deuxième sujet de préoccupation des jeunes médecins généralistes : la démographie médicale. Le SNJMG propose depuis plus de 10 ans la transformation des hôpitaux locaux en établissements publics de soins de proximité et la création de postes salariés de médecins généralistes. Même si le président n'annonce pour commencer que 400 postes salariés et qu'il ne propose pas de transformer la fonction publique hospitalière en fonction publique de santé, le SNJMG se félicite que deux de ses revendications historiques commencent enfin à être reprises par un Président de la République (ce qui n'avait pas été le cas avec ses prédécesseurs).

Ceci dit, le SNJMG interpelle depuis sa création sur les problèmes spécifiques de la Médecine Générale. Outre les précédentes mesures sur la démographie médicale, le Président de la République annonce la création d'assistants médicaux. Comme il le propose, là encore, depuis plusieurs années, le SNJMG souhaite que ces assistants ne soient pas des "bullshits jobs" de la médecine ambulatoire mais correspondent à une activité bien précise en soutien des médecins généralistes, comme il existe ou se mettent en place des postes de secrétaires médicaux/médicales et des postes d'infirmières avec de nouvelles compétences (protocole asalée et infirmières de pratique avancée - IPA). Dans cet esprit, le SNJMG soutient depuis plusieurs années les expérimentations de coursiers sanitaires et sociaux, gérant les problématiques sociales liées au soin. 
 
Malheureusement, le président de la République, propose, en même temps, d'alourdir l'activité des médecins en leur imposant des contraintes dans la prise en charge de soins non programmés (par exemple :"Les urgences non vitales doivent être prises en charge en ville (...) jusqu'à 20 heures" )...
 
Si le SNJMG attend logiquement une réponse à la crise de sa spécialité, il n'est pas indifférent à la situation d'autres spécialités en crise qui sont, comme par hasard, en lien étroit avec la MG : la médecine du travail et la psychiatrie. Aussi, le SNJMG apprécie l'effort annoncé pour la psychiatrie, même s'il peut et doit être amélioré (cf notre communiqué du 01.02.18), mais regrette la quasi absence d'annonces pour la médecine du travail.
 
Quant à l'hôpital (ou travaillent aussi des médecins généralistes, à commencer par les internes), le SNJMG salue la volonté de définitivement limiter la part de la T2A mais se montre suspect sur la mise en place de la facturation à l'épisode de soins et encore plus de forfaits de pris en charge partagés entre l'ambulatoire et l’hôpital : le SNJMG ne veut pas que soient reconstitué un système de budget global non plus focalisé sur  l’hôpital mais dispatché sur plusieurs activités et partagé avec les professionnels de santé extra hospitaliers.
 
Pour terminer cette première analyse des annonces présidentielles, si le SNJMG regrette que la prévention reste toujours le parent pauvre du système de santé, il apprécie que le PLFSS 2019 propose un Objectif national de dépenses d'assurance-maladie (Ondam) relevé : la hausse des dépenses pourra atteindre 2,5 %, alors que la tendance du quinquennat devait initialement être de 2,3 % (450 millions d'euros supplémentaires). En effet, comment mettre en place un plan ambitieux si on restreint l'engagement financier ?

Comme à son habitude, le SNJMG est prêt à travailler avec tout gouvernement pour mettre en place des mesures que le syndicat juge aller dans le bon sens. Ce plan n'y fera pas exception et nous saurons porter auprès du gouvernement toute récrimination des jeunes médecins généralistes.


 
Contact presse : Sayaka Oguchi
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