Mission Hubert sur la médecine de proximité : que va t il sortir de cette "auberge espagnole" ?

Elisabeth Hubert, ancienne ministre de la Santé, remet ce jour au Présidentde la République le rapport de la mission qu'il lui avait confié sur la médecine de proximité.

Les premières impressions à la lecture de ce rapport rassurent sur le tourd'horizon auquel a procédé l'ancienne ministre. D'ailleurs, le SNJMG qui rassemble internes, remplaçants et jeunes installés et salariés en Médecine Générale, a recontré Mme E.Hubert à diverses reprises, tant en national qu'en local, pour porter les aspirations des nouvelles générations de médecins généralistes.

Il en découle un diagnostic largement partagé par la profession et de nombreuses propositions soutenues par le SNJMG depuis plus ou moins longtemps :
- lutte contre l'hospitalo centrisme de la Formation Médicale Initiale
- mise en conformité des premier et deuxieme cycles des études médicales avec le cursus européen LMD
- réévaluation de l'organisation des Epreuves Classantes Nationales (ECN) régissant l'entrée en troisième cycle (Internat)
- revalorisation de la Filiere Universitaire de Médecine Générale (FUMG) pour en faire une filère digne de ce nom, en adéquation avec les besoins de santé publique
- séparation des fonctions d’enseignant de celles de chercheur et praticien
- developpement de systemes d'informatisations répondant à un cahier des charges national assurant leur interopérabilité (entre ambulatoire et hopital, entre professionnels de santé) avec prise en charge financière correcte pour les professionnels de santé libéraux
- aides non seulement financieres mais aussi organisationnelles à l'installation et développement des maisons et poles de santé
- diversification des modes de rémunération des médecins généralistes

- amélioration de la protection sociale des médecins généralistes (et notamment de la couverture maternité)
- mise en place de 'profil de carriere'...

Mais, la lecture de ce rapport révèle aussi bien des dangers pour la Médecine Générale et les jeunes médecins généralistes.
Parmi ces nombreux dangers, le SNJMG s'inquiète déjà de trois situations emblematiques :

Alors que l'Etat est largement défaillant en matiere de FUMG, la mission fait reposer le developpement de cette filiere sur les épaules des médecins généralistes : "l'ensemble de la profession va devoir se retrousser les manches" déclare t elle dans le Quotidien du Médecin hier...

Alors que toutes les organisations de futurs et jeunes médecins se sont opposées à un projet de limitation de durée du temps de remplacement, la mission juge "incompréhensible" et "en discordance avec les valeurs portées par l’exercice de la médecine de premier recours (...) un temps de remplacement qui se prolonge pendant des années". Aussi, la mission propose une obligation de remplacement en zones sous dotées pour les remplaçants au long cours et évoque implicitement une limitation à terme de la durée du temps de remplacement....

Alors que les médecins généralistes se sont mobilisés cette année contre un processus d'alienation individuelle aux Agences Régionales de Santé (ARS), le rapport milite pour la contractualisation entre URPS et ARS, ouvrant le risque de contractualisation individuelle des médecins.
 
Avec ses seuls exemples, il est légitime de se demander si cette mission ne s'inscrit pas dans la lignée de la loi HPST : Sous bien des aspects sympathiques, elle avancerait des perspectives coercitives à plus ou moins breve échéance.
 
Le SNJMG assurera la représentation des jeunes générations de médecins généralistes pour s'opposer à de telles évolutions.