Dans le contexte de l'emballement politico-médiatique engendré par l'épidémie de grippe, Sabrina Ali Benali, une interne de Médecine Générale en Ile de France, et à ce titre salariée par l'AP-HP, son CHU de rattachement, a publié sur Internet le 12 janvier 2017 une vidéo pour dénoncer « le plan com » de la ministre de la Santé et les conditions de travail au sein des services de médecine d’urgence de Paris.
La ministre de la Santé n’a pas répondu à l’interne. En revanche, le 18 janvier 2017, sur France Inter, M. Martin Hirsch, le directeur de l’AP-HP, nommé par la ministre de la Santé, a dénié à Sabrina Ali Benali son statut d'interne de l'AP-HP, au motif qu'elle n'était pas ce semestre en stage dans un hôpital de l'AP-HP et a conclu : "pour défendre l'hôpital public, il n'y a pas besoin d'inventer ou de mettre en scène des difficultés".
Malgré la réponse argumentée de l’intéressée dans une video postée sur Internet dans les heures suivantes, des soutiens politiques de l’actuel gouvernement (à commencer par M. Gabriel Attal, conseiller de la ministre de la Santé) se sont empressés d’accuser l’interne de mauvaise foi. Plus grave, le lendemain matin, en se référant aux seuls propos de M.Martin Hirsch, M. Patrick Cohen, animateur de la matinale sur France Inter, déclarait "s'être fait un peu fait avoir" par Sabrina Ali Benali.
Si, dans la journée et les jours suivants, de nombreux médias (Le Figaro, Le Monde, Libération, Les Inrocks, Arrêts sur Image…) rétablissaient la réalité des faits, le buzz du "scandale" gonflait sur Internet et donnait naissance à un véritable cas de « fake news ». Cette construction était facilité par le ton de la campagne de communication de l’AP-HP sur Internet, par l’absence de correctif apporté sur France Inter par M. Patrick Cohen et par l’intervention mensongère du médiateur de Radio France.
C’est ainsi que le Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes (SNJMG) a constaté avec atterrement la multiplication sur Internet de propos diffamatoires sur la personne de Sabrina Ali Benali présentée comme une « pseudo interne » ou un « agent électoral » (Sabrina Ali Benali n'a jamais occulté son appartenance au Parti de Gauche, ndlr). Mais, cet atterrement a cédé le pas à l’indignation, devant les insinuations et attaques racistes qui se sont répandues sur Internet.
Le SNJMG, dont la marque distinctive est le tempérament indépendant et engagé, tient à prendre publiquement position pour soutenir Sabrina Ali Benali. Ce n’est pas seulement parce que celle-ci est membre du syndicat (le SNJMG aurait eu la même attitude avec n'importe quel interne), mais pour des raisons d’éthique : dans cette histoire, finalement, la victime de la polémique, c’est bien elle et non la ministre de la Santé initialement interpelée, et ce qui occupe les medias, c’est la « polémique dans la polémique » et non la question première : « le plan com » de la ministre sur la grippe et les services d’urgences, qui choque les soignants, aussi bien hospitaliers que libéraux, par son total décalage avec les problèmes actuels du système de soins français.
NB : le SNJMG a publié un fil d'infos de soutien à Sabrina Ali Benali sur Internet.
Contact presse :
Bernadette Zambon - vice présidente - responsable "internes de MG" - nerbadette@hotmail.com
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