Internat de médecine 2020 : Les spécialités et les villes préférées des jeunes médecins (et celles qui sont boudées)

Les choix 2020 de spécialité et de lieu d’internat en Médecine (après les ECN) se sont achevés le 18 septembre ; le bilan de ces choix s’avère très révélateur.

Première constatation : la stabilité globale des résultats d’une année sur l’autre.

5 spécialités occupent systématiquement les 6 premières places ces dernières années : chirurgie plastique et reconstructrice, maladies infectieuses et tropicales, ophtalmologie, dermatologie, cardiovasculaire (NB : cette année, la chirurgie maxillo-faciale remplace la néphrologie dans les 6 premières places).

Est-ce par hasard ? Ce sont des spécialités soit réputées rémunératrices soit auréolées d’un prestige mandarinal (NB : le fait que les trois spécialités chirurgicales citées sont celles présentant les volumes horaires les moins lourds parmi les spécialités chirurgicales est également à signaler, notamment, en faisant le rapprochement avec la dermatologie).

Et ce sont les mêmes spécialités qui occupent les 7 dernières places : Médecine d’urgence, Médecine Générale, Gériatrie, Psychiatrie, Biologie médicale, Santé publique et Santé au travail (NB : parmi les nouvelles spécialités apparues depuis les ECN 2017, deux spécialités à la peine connaissent une petite amélioration : la médecine d’urgence voit enfin tous ces postes pourvus et la gériatrie améliore son taux de postes non pourvus - 3.1% contre 13% l’année dernière).

Est-ce par hasard ? Ce sont soit des spécialités soit moins rémunératrices soit dénigrées dans le cursus universitaire soit en situation de crise.

Cette stabilité globale des choix se retrouve également dans la répartition homme/femme et les régions d’internat.

Toujours plus majoritaires d’une promotion à l’autre, les femmes sont sur représentées en gynécologie médicale, allergologie, gynéco obstétrique, pédiatrie, endocrino, dermato, psychiatrie et Médecine Générale. A l’inverse, elles sont largement sous représentées dans la majorité des spécialités chirurgicales (la pire sous -représentation étant en neurochirurgie).

La répartition genrée (« care » pour les femmes, « technicité » pour les hommes) est toujours vivace.

Pour les régions d’internat, les choix 2020 confirment l’attractivité, certes de Paris, mais surtout des regroupements géographiques suivants : Lyon/Grenoble, Nantes/Rennes (NB : cette année Rennes prend le dessus sur Nantes) et Montpellier/Bordeaux/Toulouse. De même, il y a confirmation des mauvais résultats des subdivisions du centre du pays (surtout : Poitiers et Saint Etienne, et à un degré moindre : Clermont et Dijon) et du duo Reims/Amiens. Notons aussi que la région Antilles/Guyane reste pour la deuxième année consécutive en fin de classement, alors que la région de Limoges, habituée à cette fin de classement, enregistre cette année une amélioration sensible.

Seconde constatation : les résultats contrastés de la Médecine Générale et la problématique de l’accès aux soins.

Cette année, la Médecine Générale manque de peu (0.2% de postes non pourvus) de rééditer l’exploit de l’année dernière où tous les postes hors CESP avaient été pourvus. Et même s’il faut signaler le premier poste pris dans le top 14 (meilleur résultat depuis la création des ECN en 2004) et l’augmentation confirmée du nombre de postes pris dans le premier tiers de classement, il convient de constater que le nombre de futurs internes affectés en MG continue de baisser d’année en année : 3254 en 2018, 3213 en 2019 et 3168 en 2020.

Comme l’année dernière, le Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes (SNJMG) se réjouit des évolutions favorables pour la discipline mais reste inquiet sur l’accès aux soins. La diminution régulière du nombre de médecins généralistes et l’enracinement des mauvais résultats de spécialités importantes en pratique quotidienne pour la Médecine Générale (notamment : la gériatrie, la biologie médicale, la psychiatrie et la santé au travail) n’incitent pas à l’optimisme pour la santé communautaire (sans compter, sur le plan plus théorique, les difficultés chroniques de la spécialité de santé publique).

Aussi critiquable soit-il par différents aspects, le système des ECN agit comme un révélateur des problèmes d’aménagement du territoire et d’organisation du système de santé (englobant problèmes sanitaires et socio-économiques). La réforme annoncée des ECN corrigera t’elle les aspects critiquables du système actuel tout en conservant cette vertu révélatrice ?

 

 Contact Presse : Benoit Blaes – presidence@snjmg.org – 07.61.99.39.22