Un festival d’incompétence, de bêtise et de sexisme a eu lieu mercredi dernier dans les salons feutrés de la Commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat au moment d’aborder, pour un moment de détente sans doute, le sujet de la démographie médicale.
Les amateurs de discussions du café du commerce en liront avec intérêt le verbatim, qui pourrait être drôle si cette parodie de débat, réalisée à contre-emploi par de vénérables membres de la Haute Assemblée, n’était pas financée sur argent public et surtout susceptible de polluer la vraie réflexion que méritent ces sujets importants.
L’énième « solution miracle » d’un conventionnement limité des médecins dans les « zones surdotées » est construite avec naïveté ( ?) sur la base d’idées reçues éculées, très justement corrigées récemment par le Conseil National de l’Ordre.
Quant au rapporteur qui propose cet amendement, il semble ne tirer aucune conséquence de sa « grande surprise » de découvrir dans l’Atlas de la Démographie Médicale 2015 « qu'environ 25% des médecins diplômés renoncent à s'inscrire au tableau de l'Ordre des médecins pour exercer d'autres professions, dans le journalisme ou l'administration par exemple » et veut donc manifestement contribuer à accélérer la fuite des jeunes diplômés loin de l’exercice conventionné.
Car ce sont bien les politiques de tout bord qui ont conduit la médecine de proximité dans la crise profonde où elle se trouve actuellement du fait de leurs erreurs stratégiques successives :
- 1958 : Oubli de la Médecine Générale dans les ordonnances Debré qui créent le système hospitalo-universitaire,
- 1971 : Instauration du numerus clausus, mais surtout étiage très bas entre 1985 et 2000,
- 1980 : Décrochage symbolique et financier entre catégories de médecins via la création du secteur 2,
- 1993 : Publication de « Santé 2010 », sous la direction de Raymond SOUBIE entouré de nombreux experts, avec une seule idée directrice concernant la démographie médicale : restreindre l’offre médicale prescriptive (MICA, réorientation en santé publique, médecine du travail…),
- 2005 : Convention entre l’UNCAM, CSMF et SML supprimant les forfaits « médecin référent », instituant un « médecin traitant » sans moyen, tout en accordant aux autres spécialités des « dépassements autorisés » incitant au contournement du parcours de soins,
- 2007 : Avenant 19, proposé par l’UNCAM, signé par CSMF et SML, interdisant aux spécialistes en Médecine Générale la cotation de la MPC (2 €) et de la MCS (3€) réservées aux 45 autres spécialités,
- 2012 : Un « pacte territoire-santé » insuffisant, qui au lieu de réformer en profondeur les conditions d’exercice fait du chantage à la protection sociale son principal gadget,
- 2014-2015 : Un projet de loi de Santé élaboré sans concertation, organisant le dépeçage du métier de médecin généraliste, accroissant ses contraintes comptables et administratives sans tracer aucune perspective pour la modernisation et la sécurisation de l’exercice…
Face à ce bilan accablant, le Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes (SNJMG) appelle les politiques à faire preuve de responsabilité et à cesser de brandir des discours simplistes sur un sujet aussi grave.
S’ils veulent réellement œuvrer pour la Santé de nos concitoyens en évitant le naufrage de la Médecine Générale, que les politiques se mobilisent donc pour apporter des réponses urgentes à ces questions cruciales :
- la place des soins primaires dans le système de Santé,
- les évolutions nécessaires du modèle économique et social de la médecine conventionnée,
- les moyens indispensables pour une formation initiale et continue de qualité,
- la structuration et le financement de la coordination des soins dans les territoires.
Le SNJMG se tient à la disposition des Sénateurs pour leur exposer les tenants et aboutissants de ces problématiques complexes mais essentielles à l’avenir de notre système de Santé.
Contacts Presse :
Théo COMBES - Président - 06 81 00 22 90 - president@snjmg.org
Emilie FRELAT - Première Vice-Présidente - 06 19 90 26 57- frelat.emilie@gmail.com
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